La Vertu de Foi - suite 3/ 8
3. - L'objet de la Foi.
Le vrai Dieu est tout autre que l'Etre suprême entrevu par les philosophes ou le Roi de 1'Olympe chanté par les poètes.
Aux rares esprits supérieurs qui ont pu s'élever jusqu'aux vagues notions d'un Dieu unique, éternel, tout-puissant, créateur et rémunérateur, les révélations du Christ apportent les précisions stupéfiantes qui font apparaître un Dieu en trois Personnes distinctes, pourtant égales et consubstantielles; puis un Dieu dont la Bonté domine tous les attributs; « un Dieu proche de chacun de nous, duquel nous tenons la vie, le mouvement et l'être », « animant 1'univers d'une présence et d'une action aussi intimes à son fonctionnement que supérieures à sa substance; ce Dieu dont la Providence trace aux astres leur route, pose des bornes à l'océan, fait et défait les empires, veille sur le passereau, connaît le cœur de l'homme, et dirige tous les événements vers la sanctification des élus. « un Dieu qui aime les hommes au point de leur donner Son Fils Unique. afin que grâce à ce Christ, Fils de Dieu et Fils de l'Homme tout à la fois, « les enfants des hommes aient la possibilité de devenir enfants de Dieu » « enfants et héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ . »
Toutes choses, dans la nature, sous la lumière de la Foi, prennent donc une autre signification et comme un aspect céleste. « Dieu apparaît soudain en arrière de chaque objet, au fond de toute âme vivifiée par la Grâce, et à 1a porte de celle qui le chasse ou qui l'ignore, de telle sorte que nous ne pouvons voisiner avec rien sans répondre à un sublime rendez-vous, sans entrer dans des relations divines » L'ensemble de ces Vérités concernant la vie de Dieu et le salut de l'Humanité constitue la « Révélation » ,ce nom lui-même évoquant l'idée de choses cachées ou voilées, soudain mises au jour.
Révélation des Mystères divins qui s'est faite essentiellement par l'intermédiaire du Christ Fils de Dieu, et aussi, avant Lui ou après Lui, mais toujours en liaison avec Lui, par divers « messagers inspirés » c'est-à-dire instruits directement par Dieu de certaines vérités qu'ils avaient charge de communiquer au monde. Avant le Christ, on les appelait « Prophètes » après le Christ, ils portent, le nom « d'Apôtres »
Tous ces interprètes ont transmis leur message, soit oralement, soit par écrit: d'où les noms d'Ecriture Sainte et de Tradition, donnés à ces oracles selon leur mode de transmission.
Pour ce qui est des écrits, on en compte soixante-douze différents, quarante-cinq émanant des Prophètes de l'Ancien Testament, vingt-sept des Apôtres du Nouveau Testament, D'importance très variable, plusieurs parfois signés du même auteur, comme les cinq livres du Pentateuque inspirés sinon rédigés tous par Moïse, ou les quatorze épîtres adressées par S. Paul aux diverses chrétientés de son temps. C'est l'Apocalypse de S. Jean qui, chronologiquement, clôt la série.
Quant à la Tradition, elle sort des mêmes sources. Mais, répandue de façon beaucoup plus diffuse, créant une atmosphère divine, c'est elle surtout qui donne au peuple cette intelligence pratique des vérités de la Foi qu'on peut appeler le « sens des mystères », (cette sérénité confiante dans le clair obscur de ces sublimes mystères-RP G-L). Recueillie et explicitée par certains personnages, sous le contrôle de l'Eglise, dépositaire de tout le trésor de la Révélation, la Tradition devient la voix des Pères ou Docteurs qui, sans ajouter à l'enseignement du. Christ, des Prophètes et des Apôtres, jette un peu de clarté sur certains points demeurés obscurs, apporte à un texte trop concis ou trop vague les développements qui en favorisent l'entière compréhension.
C'est alors qu'on parle d'évolution du dogme. Evolution qui n'est ni une addition de vérités nouvelles, ni un retranchement de vérités périmées, ni une modification quelconque aux vérités proclamées; mais seulement une tradition, pensée plus subtile et plus claire projetant sa lumière sur l'écorce plus ou moins opaque afin d'en dissiper les ambiguïtés et d'en extraire toute substance de Vérité que Dieu y a incluse.
Un des exemples les plus récents et les plus frappants a été la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception, au siècle dernier, Le peuple chrétien, en masse, croyait fermement que la Vierge Marie avait eu le privilège exceptionnel d'être préservée du péché originel. Nombre de théologiens et de docteurs l'avaient admis. L'Église, sans l'enseigner encore officiellement, autorisait cette pieuse croyance, approuvait les fêtes instituées pour célébrer ce privilège de Marie; plusieurs Conciles en avaient parlé en termes affirmatifs. Finalement, en vertu de son autorité infaillible, l’Église déclara que cette Vérité contenue dans la Tradition était révélée par Dieu, et devait être reçue par tous comme une Vérité de Foi.
Un « Dogme » c'est le nom que l'on donne généralement à la formulation par l'Eglise d'une vérité révélée par Dieu, inaccessible à la raison humaine, proposée à notre croyance et réclamant un acte de Foi.
Les dogmes s'étendent par conséquent à toute la vie intime de Dieu, à Son action cachée présentement dans le monde, à l'avenir éternel qui doit en résulter. « La Foi, dit l'Apôtre Paul, nous donne la conviction des choses invisibles, et nous livre dès maintenant la réalité des choses futures »(Heb XI, I)
Lorsque plusieurs dogmes énoncent des vérités concernant 1e même fait ou une grande idée centrale, ils se groupent en un seul « article de Foi ». Ainsi, tout ce qui a trait à l'Incarnation du Verbe de Dieu constitue un article.
Quatorze articles principaux (certains les ramènent à douze) résument toutes les vérités proposées à la Foi des chrétiens. Ils sont rassemblés dans le « Symbole des Apôtres », communément appelé « Credo » (de son premier mot latin qui signifie « Je crois »et amorce en effet toute la série des Vérités révélées qu'il faut croire de confiance sans chercher à les expliquer ou les comprendre à la façon de réalités purement naturelles.
Bref formulaire qui résume substantiellement la catéchèse des premiers Apôtres de Jésus-Christ, emporté par chacun d'eux pour constituer la base invariable de leur enseignement, véritable centre de ralliement des esprits par conséquent, et garantie de l'unité de la Foi à travers les espaces comme dans le déroulement des âges.
Dès son origine et aujourd'hui encore, l'Eglise fait de ce Symbole le fond de l'interrogatoire qu'elle fait subir aux néophytes avant de les admettre dans son sein. Il est le signe distinctif du chrétien; et à ce signe les chrétiens se reconnaissent entre eux. Il suffirait que l'un ou l'autre de ces articles fût contesté pour que quelqu'un cessât d'être un vrai chrétien, un authentique disciple des Apôtres et donc du Christ Lui-même.
Ce sont des réticences plus ou moins graves sur tel ou tel article du Symbole qui ont fait, au cours des siècles, « les hérétiques », ces hommes assez osés pour discuter la doctrine du Fils de Dieu, faire arbitrairement leur choix dans les Vérités venues du Ciel, retenir ce qui s'accommode à la couleur de leur esprit et rejeter ce qui les heurte, interpréter sans mandat et le plus souvent dénaturer un enseignement qu'ils déclarent divin et dont ils ne peuvent admettre cependant qu'il les dépasse.
Ce sont ces audaces et ces erreurs qui ont provoqué la rédaction de deux autres « Symboles» dits « Symbole de Nicée» (le Credo de la Messe) et « Symbole de S. Athanase» (que prêtres et religieux récitent le Dimanche à l'heure de Prime), lesquels ne sont pas différents du « Symbole des Apôtres », mais expriment seulement en termes plus explicites les articles attaqués par les hérésies, tels que le Mystère de la Sainte Trinité avec l'Unité et l'Égalité des trois Divines Personnes, et le Mystère de l'Incarnation avec l'unité de Personne et la dualité des natures en Jésus-Christ.
L'autorité de l'Eglise pourrait, d'ailleurs, le cas échéant, promulguer d'autres symboles, sans altérer en rien l'intangible Révélation dont elle a le dépôt, soit qu'elle éprouvât le besoin d'éclairer l'esprit de ses l'idèles sur certains mystères, soit qu'elle fût amenée à réfuter de nouvelles témérités. » A Suivre