VISITE DE SAINT PAULIN, ÉVÊQUE ET MARTYR (EXTRAITS de l’extase de Marie-Julie du Crucifix du 4 Novembre
1878)
Il s'agit de Saint Paulin de Trêves, ville d'Allemagne. D'origine
gasconne, il fut le défenseur de Saint Athanase, grand Docteur de l'Église qui combattit toute sa vie l'hérésie arienne qui niait la
Divinité du Christ. Cette terrible hérésie fut condamnée par le Concile de Nicée en 325.
Mais les persécutions des catholiques fidèles furent très rudes et très longues. Saint Paulin
fut exilé par l'Empereur arien Constance et mourut en 355. Fête le 31 Août. (Ne pas confondre avec Saint Paulin
de Nole (353-431). Fête le 22 Juin.)
«Je suis Saint Paulin, Évêque de Trêves et martyr. Voici la cause de mon glorieux martyre. Notre-Seigneur me
favorisait des dons de Sa tendresse. J'eus à subir d'affreux mécontentements, des jalousies et des persécutions, parce que j'étais aimé du Ciel et favorisé de Ses dons. J'ai persévéré plusieurs
années sous ce fardeau des plus terribles angoisses de la part de mes frères et aussi de quelques sœurs. En même temps, la persécution éclata, et la Main du Seigneur s'appesantit sur la terre
comme Elle est encore prête à le faire aujourd'hui. Je fus dénoncé aux juges cruels qui étaient au service des
empereurs. On m'ordonna d'abjurer ma Foi et de renoncer à Dieu et à mon Sacerdoce.
Aussitôt, je pris la parole et je leur dis: "Voici mon corps .Disposez
de ma vie, faites ce qu'il vous plaira. Je mourrai Chrétien, dans mon Sacerdoce." Je fus mis ensuite à la torture, on me lapida
cruellement. Puis mon corps fut moulu dans une sorte d'instrument qui représentait une meule ronde et pesante en fer.
Je fus écrasé. Ensuite les bourreaux ordonnèrent de jeter de sous cette meule ma chair en lambeaux, brisée et mutilée. Mon corps moulu fut recueilli par quelques nobles âmes qui, elles aussi, se
dérobaient à la fureur des barbares. Ma chair brisée fut mise au repos dans la terre bénite.
Un mot maintenant de la part du Seigneur. Que l'amour de Dieu est
fort quand nous savons ne le puiser qu'en Dieu seul et en Sa Sainte Croix! Cet amour ne se mélange point avec l'amour humain, avec l'amour
de la créature qui n'est qu'un amour sans valeur, sans mérite et sans profit. Car cet amour du monde est-il
pur? Est-il sans mélange?
Non, il est tout mélangé d'imperfections, ou bien d'un manque de
saveur parfaite. L'amour de Dieu rend l'homme généreux. Seul, il le rend
plus fort que toute l'armée d'un roi composée de milliers de soldats, parce que cet amour de Dieu, c'est Dieu même. C'est Lui seul qui fortifie l'homme et lui donne une aisance de force pour tout vaincre et pour remporter la plus belle victoire.
Où s'abreuve l'amour de Dieu, si ce n'est à la Source Sacrée de la
Puissance de Dieu ? Il ne s'abreuve point dans la pensée des créatures, ni dans la conversation des humains. Se trouve-t-il dans leur beau langage? Selon Saint Chrysostome, dans ce langage doré?
Non, il ne se trouve' que dans la pure humilité, dans la pure charité,
dans la pure perfection. Voilà où se trouve ce pur amour de
Dieu.
L'amour de Dieu est-il toujours d'accord avec la conversation des créatures, conversation sur toutes choses? Non, l'amour
n'est d'accord que dans la conversation purement divine de Dieu. Voilà où se trouve cette union d'accord entre l'amour et conversation des humains, c'est sur la Bonté de Dieu. Pour goûter ce pur amour et pour trouver la profondeur de sa richesse, gardons un silencieux
respect, aimons être retirés dans la solitude. C'est là que l'âme pourra
entendre les leçons de l'amour de Dieu.
. L'amour de Dieu entre-t-il par la porte humaine de la conversation sur la terre ? Non, il entre par la porte silencieuse du respect et de la solitude.
Mais souvent, beaucoup de chrétiens ne pensent pas à ouvrir cette porte, ou bien ils la laissent fermée par cette grande occupation de la conversation, de l'amour troublé, amour humain, amour
qui dégrade la demeure de l'âme, amour qui resserre le champ du cœur, amour qui produit des tempêtes trop souvent dans l'esprit, l'âme et le cœur. L’amour de la sainte croix se mêle à l’amour
de Dieu .Ils se forment tous les deux à la fois .Mais beaucoup ont cet amour de la croix, et au milieu de cet amour, le germe de l’orgueil existe encore
L'amour de la Sainte Croix se mêle à l'amour de Dieu. Ils se fortifient tous les deux à la fois.
Mais beaucoup ont cet amour de la Croix et, au milieu de cet amour, le germe de l'orgueil existe enco-
L'amour de la Croix n'est donc alors ni dans l'âme, ni dans le cœur,
puisqu'il ne règne jamais là où le germe de l'orgueil n'est pas flétri,
arraché et dispersé.
Il faut donc une attention bien grave et bien réfléchie à cet amour
de la Croix. Cet amour est fort, il est puissant. Mais il a des ailes. Dès
qu'une pensée de vanité ou d'orgueil, dès qu'on a cette pensée de se croire
quelque chose, dès qu'on est heureux d'être honoré, aussitôt cet amour ouvre ses ailes et prend son vol, il reste suspendu. C'est alors le germe de l'orgueil qui envahit la demeure de l'amour de la Croix.
Il y répand une épaisse fumée et, sous cette épaisse
fumée, l'orgueil bondit, s'étend et se fait maître d'une propriété qu'il a acquise par l'amour de l'esprit qui se croit bien capable et bien puissant, par l'amour de la pensée qui se croit capable de grandes choses, par l'amour de la chair qui se croit d'une grande valeur.
Voilà ce qui donne une large étendue à l'orgueil funeste qui ronge,
qui dégrade, qui fait dépérir.
Pourtant, aujourd'hui, c'est le grand règne de cette vanité, c'est le grand triomphe. Beaucoup se disent humbles de bouche mais, au fond, ils pensent autrement!
Courage et
Espérance, chers amis de la Croix. Notre-Seigneur vous a fait ce beau partage, mais pour un temps, car voici la pensée de Dieu écrite visiblement. Les premiers qui porteront le fardeau de la Croix, en sentiront une profonde
pesanteur. Mais les seconds, sur qui doit retomber ce fardeau accablant, en
ressentiront un poids trois fois plus pesant que les premiers qui l'ont étrennée et l'ont portée avec courage. Voilà ce qui est écrit dans la pensée de Dieu, à l'entrée de ce degré nouveau. Courage! Votre partage a été douloureux, mais la récompense sera plus glorieuse. Je vais prier pour
vous ... »