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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 04:49

                  L’âme humaine et ses relations avec les autres esprits suite. CH 3

 

 

                                      III- La place de l'âme humaine dans l'Univers


                                                           1) Ame et esprit

 

               Revenons un peu en arrière. Nous avons vu comment les deux incompatibles, matière et esprit, peuvent être unis pour leur mutuel avantage dans l'homme. Nous avons vu le rôle élévateur de la vie par l'âme, en sa qualité de" cause formelle" immanente au corps. Nous avons vu la différence radicale entre matière et esprit, tenant à "incompatibilité” des lois de leur opération.

               Parlons maintenant de la différence entre âme et esprit : ces deux mots ne sont pas synonymes. Il y des esprits qui ne sont pas des âmes : Dieu, les Anges par exemple.

                Il n'y a pas entre esprit et âme le fossé qu'il y a entre matière et esprit. L'âme humaine est exceptionnelle dans la Création. Il y a un très vaste monde d'esprits qui ne sont et ne seront jamais" âme ", c'est-à-dire principe formel de la vie d'un composé comme l'homme.

             L'âme humaine est originale en ce sens qu'elle a, à la fois, des fonctions d'esprit et des fonctions d'âme, tout en restant parfaitement une dans sa substance. L'âme humaine peut vivre sans le corps après la mort, mais elle est comme incomplète et soupire après la résurrection du corps, car son rôle est d’être la cause de l’élévation des activités de ce corps pour la gloire de Dieu.Il n’y a pas d’opposition entre âme et corps, mais" amitié" et tendresse féconde à l'avantage des" deux époux ".

             On peut donc dire que l'âme humaine a des fonctions d'esprit, comme ayant sa place parmi les anges, intermédiaire entre le Ciel et la terre, médiatrice, élévatrice. On peut dire aussi qu'elle est un esprit ayant des fonctions d'âme vis à vis d'une matière, son corps humain. C'est sa gloire d'élever ce corps en l'unité d'une personne. C'est sa place et nul ne peut la lui prendre! Telle est la Divine Disposition de la Sagesse Divine !

              Mais nous aimons bien nous considérer comme un peu plus de la famille des Anges que de celle des animaux ! Si les hommes méditaient plus la-dessus, ils se comporteraient peut-être moins comme des bêtes. Mais on dit aussi" qui veut faire l'ange, fait la bête". Ah ! que l'équilibre est difficile à trouver en ce bas monde !!!

                                                       2 )- L’âme et Dieu.

                  L'union de l'âme et du corps est donc bénéfique pour les deux parties. Mais il y a tout de même pour l'esprit-âme, un danger" d'enlisement" dans la matière. Nous avons le sentiment que cette petite dernière des créatures doit être aidée par Dieu, plus que tout autre esprit. Il suffit de relire la Bible pour y constater l'extrême tendresse de Dieu Créateur, tendresse toute paternelle, Providence sans défaut, fidèle et miséricordieuse source de grâces. C'est pourquoi St Thomas est si prêt à faire de la grâce un élément nécessaire à la perfection de l'âme. C'est la grâce qui peut contrebalancer et corriger la dépendance de l'âme vis à vis du corps. La condition d'âme requiert la grâce si l'âme doit être pure et heureuse. Comme le Père est tout près de Son petit enfant, le préféré de Sa Miséricorde. Il n'y a absolument rien de choquant dans l'idée de Dieu créant un être dont l'essence même postule la grâce, pour être absolument complet. L'Ange reçoit la grâce également, mais un ange n'est pas dans le besoin d'aide extérieure pour être créature parfaite, tandis que l'âme humaine a réellement besoin d'un contrepoids de grâce, du fait de sa mission potentiellement " dangereuse " : danger d'attachement au corps par exemple.

                     Nous ne parlons pas ici de la grâce dans le sens strictement surnaturel que nous lui donnons depuis la Rédemption. Adam possédait des dons " gratieux praeternaturels " qu'il a perdus après la faute. Nous reviendrons sur tout cela. Retenons seulement que nous n'avons pas à nous plaindre, car Dieu a bien fait les choses pour nous. Il les a bien faites parce qu'II avait Ses raisons de nous mettre à cette place et de cette façon. A nous de savoir quelle est cette place et pourquoi notre âme est ainsi faite. Quel est le plan directeur dans lequel s'insère son rôle d'élévateur ?


                                  
3- La place de l'âme humaine dans la Création.

                      L'âme humaine tient une place définie dans l'univers créé. Elle est un maillon indispensable dans la chaîne des créatures. Elle est une note dans le monde créé, sans elle il y aurait une dissonance. Par Univers, nous entendons l'univers de la création spirituelle et matérielle. La théologie catholique considère que la partie spirituelle de l'Univers est la plus importante et elle considère aussi que la gradation, depuis la plus petite particule de matière jusqu'au plus haut esprit, est une ascension ininterrompue de perfection en perfection. Il n'y a pas de hiatus, de trou, c'est un tout parfait dans lequel la plus haute créature possède invariablement toutes les perfections de la créature qui la précède...

            Quel est donc le travail qui est demandé à l'âme dans le grand œuvre qui est de faire de l'Univers un grand Tout, bien uni et harmonieux ? L'âme est la seule créature qui a en même temps, une connaissance spirituelle, une connaissance expérimentale et un amour de l'univers physique. Elle doit être considérée comme l'esprit qui connait et aime l'univers matériel, physique, par expérience. Un esprit pur connaît et aime le monde physique, mais il ne peut le faire par expérience directe, car il n'a pas vu ses beautés, entendu ses harmonies, touché ses matériaux, goûté ses propriétés, il reçoit toute connaissance directement de Dieu, par « science infuse ». l'âme humaine doit trouver ses connaissances dans le monde extérieur, en les faisant siennes progressivement, en les élevant, en les unifiant graduellement. Un animal a des sensations, des complexes de sensations, mais il ne " comprend" pas au-delà de ses déterminismes propres. Il est incapable de notions abstraites, universelles comme la justice, la valeur, l'éternité, etc...

                  De même l'âme humaine aime par expérience. Elle choisit les objets de son amour par l'expérience qu'elle en a et non abstraitement d'emblée. Elle ne peut aimer que ce qu'elle connaît. Il lui faut une révélation des objets à aimer, concrète et parlante, une parole audible, des faits concrets. Elle ne peut aimer que ce qui est intelligible. C'est à l'intelligence de présenter à la volonté un bien relativement défini, pour être désiré. L'âme peut connaître et aimer Dieu à l'aide de la Création et de la Révélation. l'animal en est incapable, encore moins le végétal et le minéral. Dans l'âme humaine seulement, il ya une conscience, non plus seulement expérimentale, mais spirituelle de la matérielle et visible beauté et bonté de la nature. L'harmonie du Tout est alors atteinte.

             La beauté du monde n'est d'aucun secours pour l'Ange qui le connaît dans tous ses replis, mais n'est pas capable de l'éprouver et d'en rendre une action de grâce correspondante. Son action de connaisssance  et d’amour est d’un autre ordre.L’univers physique n’aurait pas de raison d’être, s’il n’y avait un esprit pour le connaître et l’aimer de l’intérieur : l’âme humaine.La nature avec ses charmes est comme une mère nourricière pour l'âme humaine et celle-ci est vraiment le sanctuaire où les merveilles du monde sont capables de louer le Seigneur.

               Quelle responsabilité nous avons vis à vis de nos frères du Ciel et de la terre, créatures vivantes ou inanimées! Ne rompons pas la chaîne de la louange, ne faisons pas par notre péché une fausse note volontaire, ou par notre omission un douloureux vide dans le chœur universel. Nous verrons plus loin, comment la Providence a compensé nos fautes par une plus grande possibilité de louange : en S'incarnant pour expérimenter Elle-même la vie terrestre et devenir notre louange en Dieu.

                    Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur, pour porter à Dieu la louange qui lui revient. Loué soit Dieu par Sa Puissance, Sa Sagesse, Sa Bonté, dans Sa Création, dans l'œuvre de Son Infinie Intelligence, de Son Infini Amour.

                                                                   +++

           

              Après avoir étudié les grandes distinctions entre esprit et matière, entre esprit pur et âme, après avoir montré la place providentielle de l'âme humaine dans l'univers créé, dans ses relations avec Dieu, son Créateur, nous aborderons d'un peu plus près les mystères de l'âme en elle-même. Nous disons bien mystère et non pas simplement problème. Un problème est soluble par la raison seulement, sans intervention de la Foi, vertu théologale. Dans notre recherche nous avançons avec notre raison, à la lumière de la Foi, forts de la tradition théologique de l'Eglise qui est le résultat, le fruit du travail de l'Esprit-Saint au cours des générations. Nous devons donc aborder les mystères de l'âme, avec une certaine crainte, avec humilité, mais aussi avec confiance et reconnaissance, en demandant à l'Esprit de Vie et de Vérité de nous guider dans ce clair-obscur

                                               IV. L'Ame humaine en son mystère.

              Toute la philosophie catholique tient ou s'effondre, avec la doctrine de la spiritualité de l'âme humaine. C'est pourquoi nous voulons exposer tout ce qu'il est possible de comprendre sur ce sujet.

                 a- Le mystère de " l'Inconscience" de l'âme à elle-même.

                Les matérialistes ont beau jeu de dire: " l'âme ne se voit pas, ne se perçoit pas, donc elle n'existe pas. " Ce qui est paradoxal dans cette attitude, c'est que ces personnes qui se prétendent formées seulement de matière soient capables de porter un jugement de nature philosophique, mettant en œuvre des principes abstraits, tout à fait en dehors des capacités de la matière seule. On n'a jamais vu un caillou ou même un animal, exprimer une affirmation ou une négation. Pour cela il faut le recul suffisant, pour prendre la distance, ce qui permet de mesurer les rapports qui existent entre des notions, cela seul un esprit peut le faire. C'est donc avec leur propre esprit que les matérialistes nient l'existence de leur propre esprit !

                A leur décharge, nous devons dire que la présence d'un principe spirituel animateur, élévateur des activités humaines, n'est pas évidente. On ne peut arriver à cette notion qu'après une activité même de cet esprit, la réflexion, l'activité de la raison. Il est donc difficile pour l'âme d'être juge et partie.

                Pour qu'elle devienne évidente à elle-même, il faudrait que l'âme puisse s'abstraire d'elle-même, prendre du recul par rapport à elle-même. En ce monde, et du fait de son mode de connaissance sensible, liée au corps naturellement, c'est impossible, sauf miracle. Ceci est absolument miraculeux, une âme, en règle générale, ne prendra conscience pleine et entière d'elle-même qu'après la mort, quand son mode de connaissance sera directement intuitif à la manière des esprits purs. Rappelons nous bien que, en ce monde, " rien n'est dans la connaissance qui ne soit d'abord dans les sens. " L'âme n'est pas une réalité accessible aux sens, à la vue, au toucher, etc... Elle reste donc mystérieuse mais non pas totalement inconnaissable. Nous sentons bien, intuitivement que nous ne sommes pas seulement des animaux. Toute la vie intellectuelle et surtout la vie morale, nous révèlent la présence active et essentielle de notre âme en notre Moi. C'est déjà beaucoup et c'est suffisant pour cette vie terrestre.

              Nous avons toutefois le devoir d'être toujours plus attentifs et respectueux de notre âme, de sa rectitude morale surtout, car elle a été créée pour cela. Elle doit nous élever vers notre Bien Eternel. L'âme est le levier spirituel qui nous élève au-dessus du monde matériel par la connaissance abstraite et par le jugement de valeur du bien et du mal qui oriente toute l'existence. Ne dit-on pas d'un être amoral qu'il est " sans âme" .Ce jugement montre bien que tout le mystère de l'âme est un mystère religieux, c'est-à-dire de relation avec sa fin dernière, avec son Créateur, Rédempteur et Sanctificateur. La Vérité est une, immuable et valable pour tous, chrétiens ou non. La perfection d'une âme réside dans sa rectitude par rapport à la Vérité. Toute la vie spirituelle est un perfectionnement de cette rectitude.La vertu se développe par l’exercice.La grâce vient donner à cette perfection une dimension surnaturelle extraordinaire.

                Toute la grandeur d'une âme réside dans la perfection de sa volonté, de son amour. C'est pourquoi de petites gens sur le plan de l'intelligence spéculative, sont souvent plus saints, plus parfaits dans leur volonté, dans l'amour de Dieu. " Nous serons jugés sur l'amour. «  La sainteté n'a pas grand chose à voir avec la" science des savants" .

         En résumé, nous pouvons affirmer sans crainte, l'existence de notre âme spirituelle. Affirmer qu'elle est faite pour comprendre et aimer surtout pour aimer et que toute notre vie doit se passer à rechercher l'amour, même s'il ne nous semble pas aimer en vérité. " Pleurer de ne pas aimer, c'est déjà pleurer d'amour" dit Mgr Ghika, très sagement. Aimer, c'est vouloir aimer de toute notre âme.

                                                   b- La vertu, grandeur de l'âme

                 Les vertus sont les ornements de l'âme, sa grandeur, sa noblesse personnelle aux yeux de Dieu. La vertu est essentiellement grandeur de volonté. Toute la splendeur de l'œuvre de sanctification de l'Esprit-Saint resplendit dans l'âme qui Le reçoit docilement, Lui obéit et met en pratique Sa loi d'amour dans la Vérité. L'âme collabore avec l'Esprit de Sainteté, en faisant tout ce qui est possible de son côté, ne serait-ce qu'en acceptant les épreuves avec soumission et confiance. C'est ainsi que l'âme devient le temple de l'Esprit-Saint car elle adhère à Lui, elle demeure en Lui et Lui en elle. Et la Sainte Trinité trouve Sa complaisance en cette âme, si belle dans l'éclat de toutes les vertus de prudence, de justice, de force, de tempérance, de Foi, d'Espérance, de Charité surtout, d'intelligence, de science, de Sagesse. Dieu est Esprit et Il nous jugera sur notre" état d'esprit" à notre mort. La vie morale est donc avant tout, vie d'intériorité, de spiritualité, d'élévation, de grandeur d'âme, mais c'est une vie humaine, c'est-à-dire corps et âme unis pour le meilleur et pour le pire.

                                               c-La part du corps dans la vie spirituelle.

Il est difficile, très difficile de parler de l'âme humaine sans risquer une coupure avec la réalité corporelle - qu'il nous soit pardonné si nous ne sommes pas assez clairement unitaires dans ces articles.

                Notre vie spirituelle n'est pas la vie d'un esprit pur. Dieu ne l'a pas voulu ainsi et" cela est très bon ". Il n'y a pas de déchéance pour l'âme à faire vivre un corps. L'âme n'est pas une prisonnière, en exil, au " cachot" dans la ténèbre corporelle". La doctrine catholique n'a jamais condamné le corps comme obstacle à la vie spirituelle. Elle a, au contraire, fait dépendre le progrès de l'âme de son union avec le corps. Il n'y a plus de progrès spirituel avec la mort, car le corps est la condition intrinsèque nécessaire et indispensable de la croissance et du progrès spirituel. Car la vie spirituelle est la plus haute vie morale du corps. Tout acte de notre vie spirituelle requiert la vie de nos sens, le concours de nos sens. C'est le corps qui est chaste, le corps qui est tempérant, qui est pur etc... La prière demande toute notre vie affective, notre imagination. Le corps manifeste en ses actes la volonté de l'âme. Il est son Instrument indispensable, comme l'est un instrument de musique pour un musicien. Il est l'instrument indispensable à la connaissance qui est à l'origine de l'amour. C'est dans toutes les nuances de la vie sensible, affective, émotionnelle que l'esprit peut le mieux" se dévoiler en se cachant ", comme le fait Dieu Lui-même.

                  C'est par le moyen du corps que nous pouvons prouver notre miséricorde et notre amour du prochain, vêtir ceux qui sont nus, instruire les ignorants, nourrir ceux qui ont faim, soigner ceux qui sont malades, visiter les prisonniers, enterrer les morts, supporter les caractères difficiles, etc... Il y a là tout le mystère de l'Incarnation au sens propre. Nous sommes alors aussi loin de l'idéalisme planant dans les sphères célestes et méprisant le terrestre, que du matérialisme ne voyant aucune différence entre les êtres et faisant du " ventre" un dieu.

                   

                                       d- L'ascèse corporelle, signe de vitalité spirituelle.

                   On entend par mortification l'attitude chrétienne authentique vis à vis de la vie corporelle. Ce mot fait peur parce qu'on y parle de mort et la vie n'aime pas la mort. Et pourtant la vie spirituelle demande une remise en place du corps. Il faut qu'il reste le bon serviteur et non le maître. C'est par la réduction au nécessaire des besoins du corps que la vie spirituelle pourra se développer à l'aise, hors des préoccupations matérielles superflues. De là, la nécessité de l'esprit de pauvreté, frère jumeau de l'esprit de pauvreté spirituelle qui nous établit dans la Vérité de la totale dépendance de Dieu. C'est par l'activité corporelle que nous pouvons nous identifier à Jésus, l'Homme-Dieu. Il n'est pas question des mortifications extraordinaires. L'Eglise a toujours été très prudente en ce domaine où peut s'insinuer l'esprit d'orgueil.

                    Mais pouvoir se priver de certains superflus (alcool, tabac, friandises, etc...), s'imposer certaines pratiques de prière corporelle (prière à genoux, génuflexion...) sont des signes de volonté de ressemblance au Serviteur Souffrant, Notre Seigneur Jésus-Christ, l'Agneau Sacrifié.

                 Purifier et fortifier,simplifier, voilà le but de la mortification. C'est par des actes très humblement humains, incarnés, que nous pouvons mieux connaître, mieux aimer Notre Seigneur et Lui prouver notre amour et notre volonté d'imitation.

               L'enfer, dit-on, est pavé des bonnes intentions qui n'ont pas eu d'exécution. Quand on est fidèle à des habitudes journalières de petits renoncements, on se rend capable d’être fidèle dans de plus grandes choses. A chacun d’avoir la sagesse de discerner ce qu’il peut, veut et doit faire en ce délicat domaine, qui doit rester “caché aux yeux des hommes”, car c’est une œuvre de charité.

                                                                                   A SUIVRE

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