Les leçons de la Vie
cachée de Jésus
(P. d’Argentan - 1615-1680)
« Adorons dans l’Hostie
le silence du Verbe,
l’obéissance du Roi des rois,
l’humilité de l’Etre premier,
l’anéantissement du Tout. »
La vie cachée de Jésus dura dix fois plus longtemps que sa vie de prédication active. Sa présence ne fut accessible qu’à un petit nombre.
La vie cachée de Jésus se prolonge dans les siècles de Sa présence Eucharistique. Cette Présence est accessible à tous sans exception et spécialement pour les grands pêcheurs.
Notre Dieu est un « Dieu caché », qui ne révèle qu’à ceux qui l’aiment. C’est tout le mystère de la discrétion divine qui est la marque de Sa Sainteté.
Dieu pourrait se montrer tel qu’Il est. Les hommes en seraient écrasés.
Il pourrait tout faire seul, mais Il veut communiquer ses biens, en faisant participer, coopérer, Sa créature à son propre bonheur en lui donnant de mériter. « Bienheureux ceux qui on cru, sans avoir vu !»Ceux qui m’ont vu petit Me verront grand.
Tout le secret de l’amour est de se faire chercher librement, sans user de la force, ni de la séduction. D’autant qu’il s’agit de la rela tion d’un être tout Puissant, infini et d’une créature tirée du néant. Le Roi ne veut pas être aimé pour sa puissance, ou pour ses richesse. Il veut être aimé pour Lui-même et par les plus petits, les plus impressionnables, si vite écrasés.
Il est venu guérir la maladie de l’orgueil et ses fléaux par l’humilité ;l’ignorance par la vérité, le péché horrible par la beauté du bien.
Voilà pourquoi Il ne se révèle qu’à ceux qui veulent bien perdre de vue les façons de faire des puissants et des riches de ce monde.
Il veut faire contempler par les pauvres en esprit la profondeur de Sa propre Bonté qui se cache pour mieux se révéler aux esprits qui se tournent vers Lui avec amour et disparaître aux esprits mal tournés.
La vie cachée de Jésus, terrestre et eucharistique est un trésor spirituel et une grande leçon de vie.
C’est le même Sauveur qui est là à notre porte et le monde l’ignore ou détourne la tête.
Ce texte d’un grand contemplatif du XVII° siècle servira de guide pour notre émerveillement et notre prière.
1) Le silence du Verbe
« J’ai donné trente années de Ma vie pour apprendre aux hommes à se taire, demeurant exprès durant tout ce temps dans un profond silence, Moi qui suis le Verbe et la Parole Éternelle de Dieu Mon Père. »
C’est par le silence que l’on traite avec Dieu, d’esprit à esprit ;c’est par les paroles que l’on traite avec les hommes corps à corps.
Fuis, tais-toi, supporte et repose-toi en Dieu. Voilà le secret de la perfection.
Le silence ne s’apprend que par le silence. Vous honorez le saint Silence de Jésus en l’imitant en fuyant les bavardages et les bruits inutiles et bien entendu, nuisibles.
2) L’obéissance du Souverain Monarque
« Je ne pouvais pas, dit Jésus, obéir à Dieu Mon Père dans l’éternité, parce que Je ne suis pas Son inférieur selon la naissance qu’il Me donne de Sa propre Substance ;mais Je suis Son Egal en tout.
J’ai donc voulu exprès devenir Son inférieur, selon une autre naissance dans la nature humaine pour être en état de dépendre de Lui et de Lui obéir en tout. Et J’avais une complaisance infinie à être soumis à Marie et Joseph.
Tout au long de Ma vie, jusqu’à Ma mort, J’ai tout fait par obéissance à Mon Père…Je trouvais une félicité de penser en Moi-même : voilà qu’un Dieu obéit à Dieu. Jamais cette vertu ne pouvait être plus glorieuse. L’obéissance est le chemin le plus court pour arriver à une grande sainteté. Car l’obéissance est l’amour qui s’unit à l’amour .
3) L’humilité de l’Etre Premier.
Dans l’ordre de l’Être, Dieu est sans égal. Il est le Premier.
« J’ai voulu rester caché, dans la solitude,inconnu et méprisé, voilant par un miracle continuel la gloire de Ma divinité, afin que les hommes connûssent la force et l’excellence de Mon amour, voyant de quoi il M’a dépouillé pour leurs intérêts.
Ma propre vie, c’est la gloire. C’est pour vous sauver que J’ai accepté le mépris. C’est pour vous apprendre l’humilité, l’amour de la vie cachée, le sens de la solitude avec Dieu.
C’est pour réparer l’orgueil qui est le premier de tous les péchés et le plus dangereux de tous. »
4) L’abaissement du Tout
Etre Premier, Source de tous les êtres, Dieu, dans Son immensité infinie les embrasse tous. Nul ne peut se dire sa propre origine. Ainsi on peut dire que « tout est en Dieu ». Hors du Tout de Dieu, il n’y a rien.
Et ce Tout S’est abaissé ,comme anéanti, jusqu’à prendre la nature humaine et subir la mort pour nous sauver.
On comprend que la terre ait tremblé le Vendredi Saint, car toute la création a tressailli de la mort humaine de Son Auteur ».
La Bonté de notre Sauveur ne s’est pas arrêtée là. Ces merveilles d’humilité au service des hommes pêcheurs éclatent dans le Sacrement de l’Eucharistie. « Où non seulement la Divinité,mais aussi l’humanité est cachée sous les espèces du Pain et du Vin : Mystère de la Foi , plus profond encore ! »Pour nourrir notre Foi et nous donner la grâce et le mérite, la Sainteté de Dieu s’est révélée, « parcourant le domaine de l’être d’une extrémité à l’autre ,avec la force et la suavité d’un parfum invisible, de l’infini au néant, pour faire participer le néant à l’infini.
« Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur ! »