.Léonard Lessius SJ
grand théologien hollandais,(1554-1623) catholique duXVII éme siécle,élève de st R.Bellarmin professeur à Louvain et conseiller du Pape Paul V .
La Sagesse et l’étude des perfections divines.
Préface du livre « les Noms divins » dont nous avons extraits des merveilles pour nos temps de ténèbres
"De toutes les parties de la Théologie, la plus noble, la plus digne, celle qui mérite à plus juste titre le nom de Théologie ou de Sagesse, est sans contredit la Théologie spéculative, qui contemple les choses éternelles et s'instruit à leur école. Car il est incomparablement plus noble d'avoir quelques connaissances sur les choses divines, c'est-à-dire sur les perfections de Dieu, sur le mystère de la Très Sainte Trinité, sur la création et la conservation du monde, sur la coopération de Dieu avec tous les êtres créés, sur l'Incarnation et sur le mystère de l'Eucharistie, sur la vision de Dieu et sur la vie éternelle, que de posséder les connaissances les plus étendues sur les choses créées sur les inventions et les institutions humaines, et sur d'autres objets dont l'usage appartient uniquement à cette vie..
Ensuite, la Théologie spéculative, non seulement apporte à l'homme qui sait bien s'en servir une immense consolation, mais elle peut l'élever à la perfection la plus sublime et à la plus haute sainteté. Ce qu'elle enseigne n'appartient pas seulement, comme quelques-uns se le persuadent, aux écoles et aux argumentations scolastiques, mais se rapporte principalement au bien spirituel et à la conduite des chrétiens. Et, en effet, par la considération très attentives des perfections divines, l'âme s'élève vers Dieu, Le contemple, L'admire, Le révère, Le craint, L'aime, le Loue et Le bénit sans cesse, et, se tenant toujours en Sa présence, règle très parfaitement toute sa vie et ses mœurs d'après Son bon plaisir et d'après le moindre signe de Sa volonté. C'est là le but propre et la fin de la Théologie spéculative, qui devient théologie affective unissant la tête et le cœur.
Ainsi donc, ces sublimes mystères doivent souvent occuper nôs pensées, et notre âme doit souvent s'exercer dans leur contemplation. Mais il faut le faire avec cette soumission de l'esprit et ce respect profond que demande un tel exercice : il faut implorer fréquemment le secours divin et la lumière du Saint-Esprit; car sans ce secours et cette lumière, nous sommes forcés d'avouer que tout le travail de notre contemplation serait sans fruit et inutile.
De plus, bien que la Théologie enseigne d'autres choses qui nous aident beaucoup à régler notre vie selon la justice et la sainteté, il n'est rien, cependant qui nous retire plus puissamment de l'amour des choses caduques et passagères, et qui nous enflamme plus du désir des choses célestes et éternelles que la méditation des perfections et des opérations divines. Seule, comme maîtresse et reine de toutes les autres sciences, la Théologie régnera dans le siècle futur, où cessera toute science qui ne regarde que le siècle présent.
C'est elle qui,par une admirable prérogative de la félicité céleste , donne à l'homme, encore retenu sur la terre, un commencement des joies du Ciel , en lui enseignant à pratiquer, dès ici-bas, ce qu'il devra faire un jour dans l'éternelle société des anges.
Enfin la connaissance des perfections divines est la suprême et première règle de toute sainteté et de toute perfection de vie, pour la nature raisonnable, tant pour les anges que pour les hommes : et si cette connaissance est parfaite, elle suffit à elle seule pour acquérir la suprême perfection des plus grandes vertus. « Car Vous connaître, ô mon Dieu est la "Justice consommée et connaître Votre Justice et Votre Puissance est la racine de l'immortalité» Ces paroles de l'Évangile selon saint Jean : « La vie éternelle consiste en ce que l'on Vous connaisse, Vous, vrai Dieu, et Jésus-Christ que Vous avez envoyé» que signifient-elles autre chose sinon que cette connaissance est la règle de toute rectitude, par laquelle nous sommes très certainement conduits à la vie éternelle?
Que la connaissance de Dieu soit la règle de la vertu, la raison en est manifeste. – La perfection de l'homme consiste dans l'union avec Dieu, son premier principe et sa dernière fin. Or, cette union prend son origine dans la connaissance, qui est le fondement de toute union avec Dieu. Ainsi que le dit Saint Denys, la première union avec Dieu se fait par l'entendement. De cette union suit celle du cœur par l'espérance, la charité, la religion, et celle de toutes les autres forces de l'âme, en tant que leurs opérations effectives sont élevées et dirigées vers Dieu, c'est- à-dire vers la gloire de Dieu. Les bienheureux habitants du Ciel eux-mêmes n'ont point d'autre loi, ce qui est extrêmement digne d'être observé. Toutes leurs affections et, leurs mouvements sont formés d'après l'unique et très parfaite règle de la connaissance de Dieu
C'est de cette règle que toutes les autres règles d'une vie juste et sainte tirent leur rectitude. -C'est de cette règle qu'ont découlé immédiatement toute la doctrine et la vie de Jésus-Christ. C'est de cette règle qu'émanent, comme de leur source, tous les enseignements et les exemples des saints. Ce qui le confirme encore, c'est que toute loi et toute règle dérivent de la loi éternelle. Or, la loi éternelle résulte de l'essence divine, comme la loi de nature dans l'homme et dans l'ange résulte de la nature raisonnable. Donc, la connaissance de la Divinité est la première et suprême règle de toute perfection. »
"LaVision béatifique de la terre : la méditation des attributs divins et de la Passion de Jésus-Christ"(P.Faber)
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