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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 06:49

            Mystère et Sainte Ecriture


      Le terme grec “mysterion” n'apparaît dans la Bible grecque qu'en quelques livres tardifs (Tb, Jdt, Sg, Si, Dn, 2 M) ; il a pour arrière-plan l'araméen” râz”, qui désigne une « chose secrète » et correspond ainsi à l'hébreu classique “sôd” (encore employé à Qumrân). Dans le Nouveau Testament, ce mot est déjà un terme technique de théologie. Mais comme il était largement employé dans le milieu hellénistique (philosophie, cultes « à mystère », gnose, magie), il est important d'en fixer le sens avec exactitude pour en éviter les interprétations inexactes.
 
      1. La révélation des secrets de Dieu.

 L'idée des secrets de Dieu est familière depuis longtemps à Israël. Ces secrets concernent notamment le dessein de salut que Dieu réalise dans l'histoire humaine et qui fait l'objet de la révélation : « Dieu fait-Il quoi que ce soit sans révéler Son secret (sôd) à ses serviteurs les prophètes? » (Am 3,7; cf Nb 24,4,16). Cette doctrine classique remplit notamment le second Isaïe : le destin historique d'Israël répond au plan divin révélé d'avance par la Parole prophétique, et c'est ce qui assure la venue du salut au terme des temps (Is 41,21-28). Tel est l'antécédent de la notion technique et religieuse de « mystère » qu'attestent parallèlement Daniel et le Livre de la Sagesse.

2. Daniel et le Livre de la Sagesse

a) Le Livre de Daniel est une apocalypse, c'est-à-dire une révélation des « secrets » divins (râz : Dn 2, 18s.27s.47; 4,6). Ces secrets ne sont pas, comme dans d'autres œuvres apocryphes, ceux de la création : ils concernent ce qui se réalise dans le temps, sous la forme d'une histoire suivie, orientée vers une fin; autrement dit : les mystères du dessein de salut. Ces secrets-là sont inscrits dans le Ciel, et ils s'accompliront de façon infaillible; aussi Dieu peut-Il les révéler, en songes, en visions, ou par l'intermédiaire des Anges (cf 2; 4; 5; 7; 8; 10-12).
Nulle sagesse humaine ne saurait donner une telle connaissance de l'avenir; mais Dieu est « le révélateur des mystères » (2,28-47). Il fait connaitre par avance « ce qui doit arriver à la fin des jours » (2,28) ; et si Ses révélations énigmatiques demeurent incompréhensibles aux hommes, Il donne à quelques privilégiés une sagesse (cf 5,11), un esprit extraordinaire, grâce auxquels « aucun mystère ne les embarrasse » (4,6). Ce qu'il révèle ainsi, ce sont Ses jugements, qui préludent au salut. Cet objet se trouve d'ailleurs enclos depuis longtemps dans les Écritures prophétiques : à Daniel qui scrute le Livre de Jérémie, l'Archange Gabriel vient découvrir la mystérieuse signification de l'oracle des 70 Semaines (Dn 9). Les Écritures y sont donc traitées de la même manière que les songes ou les visions, qui traduisent ailleurs en symboles énigmatiques les desseins secrets de Dieu.
b) Le Livre de la Sagesse n'ignore pas l'existence de « mystères » dans les cultes du paganisme (Sg 14,15.23), Mais, en accord avec le Livre de Daniel, il applique le terme aux réalités transcendantes qui sont l'objet de la révélation : les secrets de Dieu dans la rémunération des justes (2,22), les secrets relatifs à l'origine de la Sagesse divine (6,22). Ces mystères sont d'ordre sotériologique (le « monde à venir », terme du dessein de salut) et théologique (l'être intime de Dieu). Ils correspondent donc à ceux dont traitent les auteurs d'apocalypses.

3. Le judaïsme extra-biblique

a) Apocalypses apocryphes. - Dans la littérature apocryphe, Hénoch, comme Daniel, est censé « connaître les secrets des saints » (1 Hen 106,19) : il a lu les tablettes du Ciel où sont inscrits tous les événements de l'avenir, et il a appris par là le mystère du destin final des justes (103,2ss) et des pécheurs (104,10). Le mystère, c'est donc ici la réalisation eschatologique du dessein de Dieu, notion que retiendront encore les apocalypses d'Esdras et de Baruch.
b) Les textes de Qumrân attachent également une grande importance à la connaissance de ce « mystère à venir» qui adviendra « au jour de la Visite» et déterminera le sort des justes et des pécheurs. Ils en cherchent la description dans les Écritures prophétiques, dont le Docteur de Justice leur a fourni l'explication, car « Dieu lui a fait connaître tous les mystères des paroles de ses serviteurs les prophètes» (cf Dn 9). Il s'agit d'une exégèse inspirée qui équivaut à une nouvelle révélation : « Les derniers temps seront plus longs que tout ce qu'ont prédit les prophètes, car les mystères de Dieu sont merveilleux ». Mais cette révélation est réservée à ceux qui marchent « dans la perfection de la voie» : révélation ésotérique, qui ne doit pas être communiquée aux méchants, aux hommes du dehors.

                
                         Nouveau Testament
 
1. L'ENSEIGNEMENT DE JÉSUS
Les Synoptiques n'emploient qu'une fois le mot” mysterion”; l'évangile de Saint Jean, jamais. « A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais pour ceux du dehors, tout advient en paraboles »( Mc 4,11 p). Ainsi répond Jésus aux disciples qui L'interrogent sur le sens de la parabole du Semeur. Il distingue dans Son auditoire ceux qui peuvent entendre le mystère, et « ceux du dehors » que leur dureté de cœur empêche de comprendre, selon le mot d'Isaie 6,9S (Mc 4,12 p). Pour ceux-là, la venue du Royaume demeure une énigme, dont l'enseignement en paraboles ne livre pas la clef. Mais aux disciples, « le mystère est donné », et les paraboles, expliquées. Le mystère en question, c'est donc l'avènement du Royaume, conformément au dessein de Dieu attesté par les anciennes prophéties: Jésus reprend ici un thème central des apocalypses juives. Son œuvre à Lui consiste à instaurer le Royaume ici-bas et à révéler en plénitude les secrets divins qui Le concernent et qui étaient « cachés depuis la fondation du monde» (Mt 1 3,3 5). Avec Lui, la révélation s'achève, parce que les promesses s'accomplissent: le mystère du Royaume est présent ici-bas en Sa personne. Mais du même coup, l'humanité se scinde en deux : les disciples l'accueillent; « ceux du dehors » y ferment leur cœur. La proclamation du mystère n'est donc pas ésotérique (cf Mc 1,15 p; 4,15 p); toutefois, le voile des paraboles n'est levé que pour ceux qui peuvent entendre (cf Mt 13,9.43). Pour ceux-là même, entrer dans le mystère n'est pas affaire d'intelligence humaine; c'est un don de Dieu.

II. L'ENSEIGNEMENT DE SAINT PAUL

Il faut se placer dans la même perspective - celle de l'apocalyptique juive - pour comprendre les emplois du mot “mysterion” chez saint Paul. Ce mot à effet suggère une réalité profonde, inexprimable; il ouvre une échappée sur l'infini. L'objet qu'il désigne n'est autre que celui de 1'Évangile : la réalisation du *salut par la mort et la résurrection du Christ, son implantation dans l'histoire par la proclamation de la Parole. Mais cet objet est caractérisé comme un secret divin, inaccessible à l'intelligence humaine en dehors de la révélation (cf 1 Co 14,2.). Le mot conserve ainsi sa résonance eschatologique; mais il s'applique aux étapes successives à travers lesquelles le salut annoncé se réalise : la venue de Jésus ici-bas, le temps de l'Église, la consommation des siècles.
I. Le déploiement du mystère dans le temps. - Dans les premières épîtres (2. Th, 1 Co, Rm), ces divers aspects du mystère sont visés tour à tour. Il y a identité entre « l'annonce du mystère de Dieu » (1 Co 2.,1, selon certains manuscrits) et la proclamation de l'Évangile (1,17) de Jésus crucifié (cf 1,2.3; 2.,2.). Tel est l'objet du message apporté par  Saint Paul aux Corinthiens, scandale pour les juifs et folie pour les grecs, mais sagesse pour ceux qui croient (I,2.3S). Cette Sagesse divine” in mysterio “(2.,7) était jusque-là cachée; aucun des princes de ce monde ne l'avait reconnue (2.,8s) ; mais elle nous a été révélée par 1'Esprit, qui scrute jusqu'aux profondeurs de Dieu (2.,10SS). Inaccessible à l'homme psychique laissé à ses seules forces naturelles, elle est intelligible pour l'homme spirituel à qui l'Esprit l'enseigne (2.,15). Toutefois, c'est aux « parfaits» seulement (cf 2.,6), et non aux néophytes (3,Is), que l'Apôtre, « dispensateur des mystères de Dieu » (4,1), peut « exprimer en termes d'esprit des réalités d'esprit » (2.,13), de sorte qu'ils comprennent tous les dons de grâce (2.,I2.) enfermés dans ce mystère. L'Évangile est donné à tous, mais les chrétiens sont appelés à en approfondir progressivement la connaissance.
Or ce mystère, actuellement à l'œuvre ici-bas pour le salut des croyants, est en lutte avec un « mystère d'iniquité » (2. Th 2.,7), c'est-à-dire avec l'action de Satan qui culminera dans la manifestation de l'Antichrist. Son déploiement dans l'histoire se fait par des voies paradoxales; c'est ainsi qu'il a fallu l'endurcissement d'une partie d'Israël pour que la masse des païens pût être sauvée (Rm II,2.5) : mystère de l'incompréhensible Sagesse Divine (II,33) qui a fait tourner au bien la chute du peuple choisi. Au terme du mystère, le Christ triomphera, lorsque les morts ressusciteront et que les vivants seront transformés pour participer à Sa vie céleste (1 Co15,51ss). Le « mystère de Dieu » englobe toute l'histoire sainte, depuis la venue du Christ ici-bas jusqu'à Sa Parousie. L'Évangile est « la révélation de ce mystère, enveloppé de silence aux siècles éternels, mais aujourd'hui manifesté et, par des Écritures qui le prédisent, porté à la connaissance de toutes les nations» (Rm 16,2.5s).
2.. Le mystère du Christ et de 1'Eglise. - Dans les épîtres de la captivité (Col, Ep), l'attention de Saint  Paul se concentre sur l'aspect présent du « mystère de Dieu » (Col 2.,2.) : le « mystère du Christ» (Col 4,3; Ep 3,4) réalisant le salut par le moyen de Son Église. Ce mystère était caché en Dieu depuis les siècles (Col 1,2.6; Ep 3,9, cf 3,5); mais Dieu vient de le manifester (Col 1,2.6), de le faire connaître (Ep 1,9), de le mettre en lumière (3,9), de le révéler aux Apôtres et aux prophètes, et notamment à Paul lui-même (3,4S). Il fait l'objet de l'Évangile (3,6; 6,19). Il est le dernier mot du dessein de Dieu, formé dès longtemps pour être réalisé à la plénitude des temps : « ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, les choses célestes comme les terrestres » (1,9s). L'apocalyptique juive scrutait les merveilles de la création; la révélation chrétienne en manifeste le secret le plus intime: dans le Christ, Premier-né de toute créature, toutes choses trouvent leur consistance (Col I,I5ss) et toutes sont réconciliées (1,2.0). L'apocalyptique scrutait aussi les voies de Dieu dans l'histoire humaine ; la révélation chrétienne les montre convergeant vers le Christ, qui insère le salut dans l'histoire grâce à son Église(Ep 3,10) : désormais, juifs et païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même promesse (3,6). C'est de ce mystère-là que Saint Paul a été établi le ministre (3,7S). En lui, tout acquiert une signification mystérieuse ; ainsi l'union de l'homme et de la femme, symbole de l'union du Christ et de l'Église (5,32) En Lui, les païens comme les juifs trouvent le principe de l'espérance (Col 1,27). Qu'il est grand ce « mystère de la Foi » (1 Tm 3,9), ce « mystère de la piété, manifesté dans la chair, justifié dans l'Esprit, vu des anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, enlevé dans Ia gloire» (1 Tm 3,16)
Une progression continue conduit ainsi du mystère envisagé par les apocalypses juives au « mystère du Royaume de Dieu » révélé par Jésus, et enfin au « mystère du Christ » chanté par l'Apôtre des nations. Ce mystère n'a rien de commun avec les cultes à mystères des Grecs et des religions orientales, même si Saint Paul reprend à l'occasion quelques-uns des termes techniques dont celles-ci se servaient, pour mieux opposer à ces aspects particuliers du « mystère d'iniquité» (cf 2 Th 2,7) le vrai mystère de salut, comme il oppose ailleurs à la fausse sagesse humaine la vraie Sagesse divine manifestée dans la Croix du Christ (cf 1 Co I,Q-25)

III. L'APOCALYPSE DE SAINT JEAN

 Dans l'Apocalypse, le mot “mysterion” désigne à deux reprises la signification secrète des symboles qu'expliquent le voyant (Ap 1,20) ou l'Ange qui lui parle (17,7), Mais il retrouve aussi en deux endroits un sens tout proche de celui que lui donnait Saint Paul. Au front de Babylone la grande, qui représente Rome, est écrit un nom, un mystère (17,5); c'est qu'en elle est à l'œuvre dans l'histoire ce « mystère d'iniquité » que Saint Paul dénonçait déjà (ef 2 Th 2,7). Enfin au dernier jour, quand le septième Ange sonnera de la trompette pour annoncer le jugement final, « se consommera le mystère de Dieu, selon la bonne nouvelle qu'Il en a donnée à Ses serviteurs les prophètes» (Ap 10,7; cf 1 Co 15, 20-28).
C'est à cette consommation que l'Église aspire. Déjà Elle vit dans le mystère; mais insérée au cœur du « monde présent », elle est encore écartelée entre les puissances divines et les puissances diaboliques. Un jour viendra où les puissances diaboliques seront enfin anéanties (cf Ap 20; 1 Co 15 ,26s) et où elle entrera dans le « monde à venir ». Alors le Mystère de Dieu subsistera seul, dans un univers renouvelé (Ap 21; cf 1 Co 15,28). Tel est le terme de la révélation chrétienne.
 

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 04:12

"Si le monde venait du Hasard,
 il n'y aurait pas
 de plus grand miracle que l'ordre"
(V.Ghika)

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 06:45

"En général,il n'y a rien de moins humble
qu'un homme humilié"
(V.Ghika)

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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 06:02

"La liberté de l'Acte Créateur est la raison profonde de la liberté de la créature."
(V.Ghika)

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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 12:52

"Le présent a un nom d'une étrange éloquence.
Il est avant tout un présent, un don de Dieu,
 qui appelle, avant toute autre action,
 l'action de grâces."
(V.Ghika)

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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 12:15

                                   Le thème du don dans l’Écriture Sainte

 

          A l'origine de tout don, la Bible enseigne à recon­naitre une initiative divine.

 « Tout don valabIe ... descend du Père des Lumières » (Jc 1,17; cf Tb 4,19). C'est Dieu qui a l'initiative de la création et qui donne à tous nourriture et vie (Ps 1°4); c'est Dieu encore qui a l'initiative du salut (Dt 9,6; I Jn 4,10). En conséquence, la générosité se fourvoie lorsqu'elle prétend précéder la grâce (cf Jn 13,37S); la pre­mière attitude qui s'impose à l'homme est de s'ouvrir au don de Dieu (Mc 10,15 p). En le rece­vant , il devient capable d'une générosité authentique et il est appelé à pratiquer à son tour le don (I Jn 3,16).


 

 

 

        Ancien Testament

 

 

                  

 

        I-Les dons de Dieu

 

     Plutôt que le temps du don, l' Ancien Testament est celui de la promesse. Les dons eux-mêmes n'y font que préfigurer et préparer le Don définitif.

« A ta postérité, Je donne ce pays» dit Yahweh à Abraham (Gn 15,18). L'écho de cette parole retentit tout au long du Pentateuque. Le Deuté­ronome s'attache à faire apprécier un tel don (Dt 8,7; 11,10), mais il annonce aussi que les infidèlités entraineront l'exil; un autre don est néces­saire : la circoncision du cœur, condition du retour et de la vie (Dt 29,21-30,6).

     Par Moïse, Dieu donne à Son peuple la Loi (Dt 5,22), don excellent entre tous (Ps 147,19S), car c'est une participation à Sa propre Sagesse (Si 24,23; cf Dt 4,5-8). Mais la Loi est impuissante, si le cœur qui la reçoit est mauvais (cf Ne 9,13.26). A Israël il faut un cœur nouveau; tel est le don futur vers lequel les prophètes orientent leurs aspi­rations (Jr 24,7; Ez 36,26ss).

Ainsi en est-il de tous les dons de l' Ancien Testament: les uns semblent tourner court (dynastie davidique, pré­sence de la Gloire dans le temple), et des décep­tions successives contraignent les espoirs à se porter plus avant; les autres ne sont plus que des souve­nirs qui attisent les désirs : pain du Ciel (Sg 16,20S), eau du rocher (Ps 105,41). Israël a beaucoup reçu, mais il attend plus encore.

 

                                            2. Les dons à Dieu.

         Pour reconnaitre Son souve­rain domaine et Ses bienfaits, Israël offre à Yahweh prémices, dîmes (Dt 26) et sacrifices (Lv I ... ). Il apporte aussi des dons pour compenser les infi­délités à l' Alliance (Lv 4; 5) et se rétablir dans la faveur de Yahweh (2 S 24,21-25). Les offrandes à Dieu se situent donc dans une perspective de réci­procité (Si ,35 ,9s).

 

                                         3. Les dons réciproques

          C'est dans cette même perspective que le don est compris le plus souvent entre individus, familles ou peuples. En donnant, on manifeste la hesed cette bienveillance et bienfai­sance mutuelles qui sont la règle entre alliés ou amis. Celui qui accepte le don accepte l'alliance et s'in­terdit toute attitude hostile (Gn 32,14; Jos 9,12SS; 2 S 17,27 ... ; 19,32 ... ). Mais les dons qui viseraient à corrompre sont sévèrement exclus (Ex 23,8; Is 5,23). La perspective n'est donc pas sans noblesse, d'autant que la réciprocité des prestations témoigne normalement de la réciprocité des sentiments.

                   Le don aux pauvres, recommandé en termes magnifiques (aumône), tend lui-même à s'assimiler aux dons réciproques. On espère que le pauvre aura un jour de quoi rendre (Si 22,23) ou queYaweh le suppléera (Pr 19,17). II est nettement déconseillé de donner à l'homme mauvais (Tb 4,17, ce don serait consenti en pure perte (Si 12,1-7) A une générosité très réelle, l' AT se soucie d'allier une  raisonnable prudence.

 

 

 


 


 

                                                                          Nouveau Testament

 

 

. « Si tu savais le don de Dieu !(J n 4,10)« ...En mettant en pleine lumière la folle générosité de Dieu (Rm 5, 7S), le Nouveau Testament bouleverse les perspectives  humaines. C'est vraiment le temps du Don.

 

               I. Le don de Dieu en Jésus-Christ

.

         Le Père ­révèle Son amour en nous donnant Son Fils (Jn 3,16), et dans Son Fils le Père se donne Lui-même, car Jésus est tout rempli de la richesse du Père (Jn 1,14) : paroles et œuvres, pouvoir de juger et de vivifier, Nom, gloire, amour, tout ce qui appartient au Père est donné à Jésus (Jn 17)

          Dans Sa fidélité à I'amour qui l’unit au Père( Jn 15,10), Jésus réalise le don complet de Lui-même ; «  Il donne Sa vie» (Mt 20,28). « Vrai Pain du Ciel donné par Ie Père », Il donne « Sa Chair pour la vie du monde» (Jn 6,32.5 I; cf Lc 22,1) »Ceci est Mon corps donné pour vous »). Par Son sacrifice, Il obtient de nous communiquer 1'Esprit promis (Ac 2,33), « Don de Dieu » par excellence] Ac 8 ,20 ;11,17). Dès cette terre, nous possédons les arrhes de notre héritage : nous sommes enrichis de tout don spirituel (I CO 1,5ss) et jamais ne sera assez célébré la surabondance du Don. (Rm 5,15-21).

 D'une manière secrète, mais réelle (Col 3,3S) nous vivons déjà de la Vie éternelle, Don gratuit de Dieu.

 

              2- Le don à Dieu en Jésus-Christ

 

      Depuis le sacri­fice du Christ, tout à la fois don de Dieu à l'huma­nité (Jn 3,16) et don de l'humanité à Dieu (He 2,16s), les  hommes n'ont plus à présenter d'autres dons. La Victime parfaite suffit à jamais (He 7,27). Mais il leur faut s'unir à cette Victime et, se présen­tant eux-mêmes à Dieu (Rm 12, I), se mettre à Sa disposition pour le service des autres (Ga 5,13-16; He 13,16). Car la grâce ne se reçoit pas comme un cadeau sur lequel on pourrait se refermer; elle se reçoit pour fructifier (Jn 15cf Mt 13,12).

 

                      3. Le don sans retour.

 

     Le mouvement du don aux autres prend donc une ampleur et une intensité jamais connues. La « convoitise », qui s'y oppose, doit être combattue sans rémission. Désormais, au lieu de rechercher la réciprocité des prestations, il faut bien plutôt la fuir (Lc 14,12SS). Lorsqu'on a tant reçu de Dieu, tout calcul, toute étroitesse de cœur deviennent scandaleux (Mt 18,32S). « Donne à qui demande «  (Mt 5,4s). « Vous avez reçu gratuite­ment , donnez gratuitement «  (Mt 10,8). Biens matériels ou dons spirituels, le chrétien est appelé à tout considérer comme des richesses dont il est qu'intendant et qui lui sont remises pour le service des autres (I P 4,10s). Conseil inouï , Jésus engage même celui qui désire la perfection à donner toute sa fortune (Lc 18,). Le don de Dieu en Jésus-Christ nous entraine plus loin encore: Jésus a offert Sa vie pour nous , Sa grâce nous porte à« offrir nous aussi notre vie pour nos frères ( Jn 3,16); « il n'est pas de plus grand amour ... »(Jn 15,13).

            Le don réalise l'union dans l'amour et suscite chez tous l'action de grâces (2 Co 9, I2-I 5). Le donateur remercie Dieu autant et plus que le béné­ficiaire, car il sait que sa générosité même est une grâce (2 Co 8,1), un fruit de l'amour qui vient de Dieu (cf I Jn 3,14-18). Et c'est pourquoi, en définitive, « il y a plus de bonheur a donner qu'a recevoir  » (Ac 20,35).

 

 

 

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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 17:09

                                        


                        Le thème de la Gloire dans la Sainte Ecriture


                                   1. LA GLOIRE EN GÉNÉRAL

Dans la Bible hébraïque, le mot qui signifie gloire implique l'idée de poids. Le poids d'un être dans l'existence définit son importance, le respect qu'Il inspire, sa gloire. Pour l'hébreu donc, à la différence du grec et du français, la gloire ne désigne pas tant la renommée que la valeur réelle, estimée à son poids.
            Les bases de la gloire peuvent être les richesses. Abraham est dit « très glorieux », parce qu'il possède « bétail, argent et or » (Gn 13,2). La gloire désigne aussi la haute position sociale occupée par un homme, et l'autorité qu'elle lui confère. Joseph dit à ses frères : « Racontez à mon père toute la gloire que j'ai en Égypte » (Gn 45.I 3). Job, ruiné et humilié, s'écrie: « Il m'a dépouillé de ma gloire “(]b 19,9; Z9,I-25). Avec la puissance (Is 8,7; 16,14; 17,3s; 2I,16; Jr 48,18), la gloire implique le rayonnement. Elle désigne l'éclat de la beauté. On parle de la gloire du vêtement d'Aaron (Ex 28,2.40), de la gloire du Temple (Ag 2,3.7.9) ou de Jérusalem (Is 62,2), de la « gloire du Liban » (ls 35,IS; 60,13),
La gloire est, par excellence, l'apanage du roi. Elle dit, avec sa richesse et sa puissance, l'éclat de son règne (1 Ch 29,28; 2 Ch 17,5). Salomon reçoit de Dieu « richesse et gloire comme nul parmi les rois » (1 R 3,9-14; cf Mt 6,29). L'homme, roi dans la création, est par Dieu « couronné de gloire » (Ps 8,6).

                          II. CRITIQUE DE LA GLOIRE HUMAINE

         L'Ancien Testament a vu la fragilité de la gloire humaine : « Ne crains pas, quand l'homme s'enrichit, quand s'accroît la gloire de sa maison. A sa mort, il n'en peut rien emporter, avec lui ne descend pas sa gloire » (Ps 49,17s). La Bible a su lier la gloire à des valeurs morales et religieuses (Pr 3,35; 2O, 3; 29,23). L'obéissance à Dieu prime toute gloire humaine (Nb .2.2,17S). En Dieu est le seul fondement solide de la gloire (Ps 62,6.8). Le sage qui a médité sur la gloire éphémère des impies ne veut plus « avoir » que Dieu pour sa gloire: ” Dans Ta gloire Tu me prendras » (Ps 73,24 S). Cette attitude sera, en sa perfection, celle du Christ. Quand Satan Lui offrira « tous les royaumes du monde avec leur gloire », Jésus répondra: « C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras; à Lui seul tu rendras un culte »(Mt 4,8ss).
                                  III. LA GLOIRE DE YAHWEH
L'expression « la gloire de Yahweh » désigne Dieu même, en tant qu'Il Se révèle en Sa majesté, Sa puissance, l'éclat de Sa sainteté, le dynamisme de Son Étre. La gloire de Yahweh est donc épiphanique. L'Ancien Testament connaît deux types de manifestations ou d'épiphanies de la gloire divine: les hauts faits de Dieu et ses apparitions.
1. Les hauts faits de Dieu.
Dieu manifeste Sa gloire par Ses interventions éclatantes, ses jugements, ses « signes » (Nb 14,22). Tel est par excellence, le miracle de la mer Rouge (Ex 14,18);tel, celui de la manne et des cailles : « Au matin vous verrez la gloire de Yahweh » (Ex 16,7). Dieu vient au secours des siens. La gloire est alors presque synonyme de salut (Is 35,1-4; 44,23; Comp. Is 40,5 et Lc 3,6). Le Dieu de 1'Alliance met Sa gloire à sauver et à relever Son peuple; Sa gloire est Sa puissance au service de Son amour et de Sa fidélité : « Quand Yahweh rebâtira Sion, on le verra dans Sa gloire » (Ps IO2,17; çf Ex 39,2I-29). L'œuvre créatrice manifeste, elle aussi, la gloire de Dieu. « La gloire de Yahweh remplit toute la terre »(Nb 14,2 1) ; parmi les phénomènes naturels, l'orage est l'un des plus expressifs de la gloire (Ps z9,3-9; cf 97,1-6).
2. Les apparitions de « la gloire de Yahweh ». - Dans le second type de manifestations divines, la gloire, réalité visible (Ex 16,10), est le rayonnement fulgurant de l'Étre divin. D'où la prière de Moïse : « Pais-moi, de grâce, voir Ta gloire! » (Ex 33,18). Au Sinaï, la gloire de Yahweh prenait l'aspect d'une flamme couronnant la montagne (Ex 24,I 5 ss; Dt 5, 22ss). De l'avoir approchée dans la nuée, Moïse revient, « la peau du visage rayonnant » (Ex 34,é9), « d'une telle gloire, dira St Paul, que les enfants d'Israël ne pouvaient le regarder fixement » (z Co 3,7). Après le Sinaï, la gloire investit le sanctuaire : « Il sera consacré par Ma gloire » (Ex 29,43;. Dès lors Israël est au service de la gloire (Lv 9,6.23S), il vit, marche et triomphe sous son rayonnement . Plus tard la gloire remplira le Temple (1 R 8,IOss). Entre cette conception locale et cultuelle de la gloire et la conception active et dynamique, le rapport demeure étroit. Dans l'un et l'autre cas, Dieu se révèle présent à Son peuple pour le sauver, le sanctifier et le régir. Le lien entre les deux notions apparaît clairement, lors de la consécration du sanctuaire. Dieu dit alors: « Ils sauront que c'est Moi Yahweh, leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d'Égypte pour demeurer parmi eux » (Ex 29,46).
C'est sous l'aspect d'une gloire royale, qu'Isaïe contemple la gloire de Yahweh. Le prophète voit le Seigneur, Son trône élevé, Sa traîne emplissant le sanctuaire, Sa cour de Séraphins clamant Sa gloire (Is 6,Iss). Celle-ci est un feu dévorant, sainteté qui met à nu la souillure de la créature, son néant, sa radicale fragilité. Elle ne triomphe pourtant pas à détruire, mais à purifier et à régénérer et veut envahir toute la terre. Les visions d'Ézéchiel disent la liberté transcendante de la gloire, qui déserte le Temple (Ez 1 1,.z.zS), puis rayonne sur une communauté rénovée par 1'Esprit (36,23ss; 39,2I-29).
         La dernière partie du Livre d'Isaïe unit les deux aspects de la gloire : Dieu règne dans la cité sainte, à la fois régénérée par Sa puissance et illuminée par Sa présence : « Debout! Rayonne! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yahweh » (Is 60,1). Jérusalem se voit « érigée en Gloire au milieu de la terre» (62,7; cf Ba 5,3). D'elle la gloire de Dieu rayonne sur toutes les nations, qui viennent à elle, éblouies (Is 60,3). Chez les prophètes de l'exil, dans les psaumes du règne, dans les apocalypses, la gloire atteint à cette dimension universelle, de caractère eschatologique : « Je viens rassembler les nations de toutes langues. Elles viendront voir Ma gloire» (66,18s; cf Ps 97,6; Ha 2,14).
Sur ce fond lumineux se détache la figure « sans beauté, sans éclat » (Is 52,14) du personnage chargé pourtant de faire rayonner la gloire divine jusqu'aux extrémités de la terre : « Tu es Mon serviteur, en Toi Je révélerai Ma gloire » (49,3).

 
                                                                    IV. LA GLOIRE DU CHRIST

        La révélation essentielle du Nouveau Testament est le lien de la gloire avec la personne de Jésus. La gloire de Dieu est tout entière présente en lui. *Fils de Dieu, il est « le Resplendissement de Sa Gloire, l'Effigie de Sa Substance » (He 1,3). La gloire de Dieu est « sur Sa Face » (2 Co 4,6) ; de Lui elle rayonne sur les hommes (3,18). Il est « le Seigneur de la gloire» (1 Co 2,8). C'était déjà Sa gloire qu'Isaïe contemplait et « c'était de Lui qu'il parlait » (Jn 12,41). La gloire est l'une des lignes de la révélation de la divinité de Jésus.

         1. Gloire eschatologique
. - La manifestation plénière de la gloire divine de Jésus aura lieu à la parousie. « Le Fils de l'Homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses anges » (Mc 8,38; cf Mt 24,30; 25.31) et manifestera Sa gloire par la consommation de Son œuvre, à la fois jugement et salut. Le Nouveau Testament est tendu vers cette « apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus » (Tt 2,1 3S), vers la « gloire éternelle dans le Christ» (1 P 5,10), à laquelle Dieu nous a appelés (1 Th 2,12) et qui « va être révélée » (1 P 5,1); « la légère tribulation d'un moment nous prépare, bien au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire »(2 Co 4,17). La création entière aspire à la révélation de cette gloire (Rm 8,19).St Jean voit la nouvelle Jérusalem descendre du ciel, ruisselanté de clarté: « La gloire de Dieu l'a illuminée  et 1'Agneau lui tient lieu de flambeau» (Ap 21,23).
        2. Gloire pascale. - Par la Résurrection et 1'Ascension, le Christ est déjà « entré » (Lc 24,26) dans la gloire divine, que le Père, dans Son amour, Lui a« donnée avant la création du monde " (Jn 17,24) et qui lui appartient comme Fils à l'égal du Père. L'Homme-Dieu a été pris dans la nuée divine, « enlevé» (Ac 1 ,9. II), « emporté dans la gloire » (1 Tm 3,16). « Dieu L'a ressuscité... et Lui a donné la gloire » (1 P 1,21). Il a « glorifié Son serviteur Jésus » (Ac 3,13).
 Cette gloire, comme la « gloire de Y ahweh » dans l'Ancien testament, est sphère de pureté transcendante, de sainteté, de lumière, de puissance, de vie. Jésus ressuscité rayonne cette gloire en tout Son être.St Étienne mourant voit « la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu» (7,55). Saul est aveuglé par Sa « gloire lumineuse » (22,11). En comparaison, la gloire du Sinaï n'est rien (2 Co 3,10). La gloire du Christ ressuscité éblouit St Paul comme la lumière d'une nouvelle création : « Le mêmeDieu qui a dit : ' Que du sein des ténèbres brille la lumière est Celui qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la Face du Christ » (4,6).
3. La gloire dans le ministère terrestre et la Passion du Christ.
 La gloire de Dieu s'est manifestée non seulement dans la résurrection, mais dans la vie, le ministère et la mort de Jésus. ,  Dans la scène de l'Annonciation, la venue de 1'Esprit-Saint sur Marie évoque la descente de la gloire dans le sanctuaire de l'Ancien Testament (Lc 1,35). A la nativité, « la gloire du Seigneur» enveloppe les bergers de sa clarté (2,9S). Cette gloire transparaît au baptême de Jésus et à Sa transfiguration (9,32.35; 2 P 1,17S), dans Ses miracles, Sa parole, la sainteté éminente de Sa vie, Sa mort. Celle-ci n'est pas seulement le porche qui introduit le Messie à Sa « gloire » (Le 24,26) ;les signes qui l'accompagnent révèlent dans le Crucifié même « le Seigneur de la gloire» (1 Co 2,8).
           Chez St Jean, la révélation de la gloire dans la vie et la mort de Jésus apparaît plus explicite encore. Jésus est le Verbe incarné. En Sa Chair habite et se révèle la gloire du Fils unique de Dieu (Jn 1,14.18). Elle se manifeste dès le premier « signe » (2, II). Elle apparaît dans l'union transcendante de Jésus avec le Père qui L'envoie, mieux encore dans leur unité (10,30). Les œuvres de Jésus sont les œuvres du Père, qui, dans le Fils, les « accomplit» (14,10) et y révèle Sa gloire (II,40), lumière et vie pour le monde. Cette gloire resplendit par-dessus tout dans la Passion. Celle-ci est l'heure de Jésus, la plus haute des théophanies. Jésus se « consacre » à Sa mort (17,19) en toute lucidité (13,1.3; 18,4; 19,28) par obéissance au Père (14,31), et pour la gloire de Son *Nom (12,28). Il fait libre don de Sa vie(10,18) par amour pour les siens (13,1). La croix transfigurée, devient le signe de l’élévation du Fils de l’Homme(12,23.31). Le Calvaire offre aux regards de tous(19,37) le mystère du JE SUIS divin de Jésus (8,27). L'eau et le sang, jaillis du côté du Christ, symbolisent la fécondité de Sa *mort, source de vie : telle est Sa gloire (7,37ss;19,34.36).

                                                                      4. La gloire ecclésiale
.
              La glorification du Christ s'achève dans les chrétiens (Jn 17,10). En eux, le sacrifice de Jésus porte son fruit à la gloire du Pèreet du Fils (12,24; 15,8). L'Esprit-Saint, envoyé par le Père et le Fils est, avec l'eau et le sang sacramentels (1 Jn 5,7), l'artisan de cette glorification. Les chrétiens entrent par Lui dans la connaissance et la possession des richesses du Christ (Jn 16,14s;2 Co 1,22; 5,5). Déjà la gloire du Christ ressuscitése reflète en eux, les transformant à Son image« de gloire en gloire» (3,18; Col l,lOS; 2 Th 1,12).
Par l'Esprit, la souffrance même est transfigurée (1 P 4,14).

                                                                  5. L'honneur chrétien. -
 La conscience de cette gloire engendre le sentiment de la dignité chrétienne et de l'honneur chrétien. C'est déjà, dans l'Ancien Testament la grandeur d'Israël d'être le peuple à qui Dieu a révélé Sa gloire. A Israël « appartient la gloire »(Rm 9,4). Dieu est « Sa gloire » (Ps 106,20). Déjà,la fidélité à Dieu se teinte en Israël d'un sens religieux de l'honneur. Le commandement divin  est la gloire d'Israël (Ps 119,5S), l'idolâtrie, sasuprême déchéance, comme son suprême péché :Israël « échange » alors « sa gloire contre l'idole »(Ps 106,20). Au milieu d'un monde qui s'est perdupour n'avoir pas voulu rendre à Dieu la gloire qui Lui est due (Rm 1,21S), les chrétiens se savent, eux,« citoyens des Cieux » (Ph 3,20); « ressuscités avec le Christ» (Col 3,1), « ils brillent comme des foyers de lumière » (Ph 2,1 5S). C'est leur honneur que « les hommes, en voyant leurs bonnes œuvres, rendent gloire à [leur] Père qui est dans les Cieux »(Mt 5,16). Devant la gloire du nom chrétien, tout sentiment d'infériorité sociale disparaît: « Le frère d'humble condition se glorifiera de son exaltation et le riche de son humiliation» (Jc 1,9), car il n'y aplus place pour des « considérations de personnes »(Jc 2,ISS). Le sentiment de la fierté chrétienne s'étend jusqu'au corps, dans lequel les chrétiens doivent « glorifier Dieu» (1 CO 6,15.19S). Enfin , pâtir pour le nom chrétien est une gloire (1 P 4,15s).
C'est la recherche de l'honneur mondain qui selon St Jean, a fermé à plus d'un l'accès à la foi(Jn 5,44; 12,43). Jésus, lui, indifférent à la gloire  (1 P 4, 15S). C'est la recherche de l'honneur mondain qui, selon Jean, a fermé à plus d'un l'accès à la *foi (Jn 5,44; 12,43). Jésus, lui, indifférent à la gloire des hommes (5,41), «méprisa l'infamie de la croix »(He 12,2). Son unique honneur était d'accomplir Sa mission, « ne cherchant pas Sa gloire », mais « la gloire de Celui qui L'a envoyé » (Jn 7,18), s'en remettant pour Son honneur à Son Père seul (8,50.54).

V. LA LOUANGE DE LA GLOIRE

Le devoir de l'homme est de reconnaître et de célébrer la gloirc divine. L'Ancien Testament chante la gloire du Créateur, Roi, Sauveur et Saint d'Israël. (Ps 147,1). Il déplore le péché qui la voile (ls 52,5; Ez 36,20ss; Rm 2,24). Il brûle du désir de la voir reconnue par tout l'univers (Ps 145,10S; 57,6.12).
Dans le Nouveau Testament, la doxologie a le Christ pour centre. « C'est par Lui que nous disons notre Amen à la gloire de Dieu» (2 Co 1,20). Par Lui monte « à Dieu seul sage... la gloire aux siècles des siècles » (Rm 16,27; He 13,15). A Dieu gloire est rendue pour Sa naissance (Lc 2,20), pour Ses miracles (Mc 2,12...) et pour Sa mort (Lc 23,47). Les doxologies scandent les progrès de Son message (Ac II,18; 13,48; 21,20), comme elles ponctuent les exposés dogmatiques de StPaul (Ga 1,3s; etc). Les doxologies de l'Apocalypse récapitulent en une liturgie solennelle tout le drame rédempteur (Ap 15, 3s). Enfin comme 1'Église est « le peuple que Dieu s'est acquis pour la louange de Sa gloire » (Ep 1,14), au Père est rendue « gloire dans l'Église et le Christ Jésus pour tous les âges et tous les siècles  » (3,21).
A la doxologie liturgique, le martyr ajoute la doxologie du sang. « Méprisant sa vie jusqu'à mourir » (Ap 12, II), le croyant professe ainsi que la fidélité à Dieu prime toute gloire et toute valeur humaine. Au prix de son sang, comme St Pierre, il « glorifie Dieu » (Jn 21,18).
L'ultime doxologie, au terme de l'histoire, est le chant des « Noces de 1' Agneau! » (Ap 19,7). L'Épouse apparaît revêtue d' « une robe de lin d'une blancheur éclatante» (19,8). Dans le feu de la « grande tribulation », l'Église s'est parée, pour les Noces éternelles, de la seule gloire digne de Son Époux, des vertus, des offrandes, des sacrifices des Saints.
Toutefois la gloire de l'Épouse lui vient tout entière de l'Époux. C'est dans Son Sang que les robes des élus ont été « blanchies » (7,14 ; 15,2) et si l'Épouse porte cette parure éclatante, c'est qu' « on lui a donné » de le faire (19,8). Elle s'est laissé revêtir jour après jour des « bonnes œuvres que Dieu a préparées d'avance pour que nous les pratiquions » (Ep 2,10). L'amour du Christ est à l'origine de cette gloire ; car « le Christ a aimé l'Église et s'est livré Lui-même pour elle... : Il voulait Se la présenter à Lui-même toute resplendissante de gloire, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée(5,25.27)
Dans ce mystère d’amour et de sainteté se consomme la révélation de la gloire de Dieu.

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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 13:08

La présence de Dieu

 dans la Sainte Écriture

 

 

         Le Dieu de la Bible n'est pas seulement le Très ­Haut, Il est Le Tout Proche (Ps II9,151); Il n'est pas un Être suprême que Sa perfection isolerait du monde, mais pas davantage une réalité qui se confon­drait  avec le monde.

        Il est le Dieu Créateur présent à Son œuvre (S g 11,25; Rm1,20), le Dieu Sauveur présent à Son peuple (Ex 19,4ss), le Dieu Père  pré­sent à Son Fils (Jn 8,29) et à tous ceux que vivifie l'Esprit de Son Fils et qui L'aiment filialement (Rm 8,14.28).

        La présence de Dieu, pour être réelle, n'est cependant pas matérielle; si elle se manifeste par des signes sensibles, elle demeure celle d'un être spirituel dont l'amour enveloppe sa créature (Sg 11,24; Ps 139) et la vivifie (Ac 17,25-28), dont l'amour veut se communiquer à l'homme et faire de lui un témoin lumineux de Sa présence (Jn 17,21).

 

                                          Ancien Testament

 

        Dieu qui a créé l'homme veut lui être présent; si, par le péché, l'homme fuit cette présence, l'appel divin continue. Il  le poursuivra à travers l'histoire : « Adam, où es-tu? » (Gn 3,8s).

 

                            1. LA PROMESSE DE LA PRÉSENCE DE DIEU.

 

            Dieu se manifeste d'abord à des privilégiés qu’Il assure de Sa présence : aux Pères avec qui Il fait alliance (Gn 17,7; '26,24; 28,15) et a Moïse qui a mission de libérer son peuple (Ex 3,12). A ce peuple, il révèle Son Nom et le sens de ce Nom. Il lui garantit ainsi que le Dieu de ses Pères sera avec lui, comme Il a été avec eux; Dieu en effet se nomme Yahweh et se définit ainsi : « Je suis ce que je suis », c'est-à-dire «  Je suis l’Éternel, immuable et fidèle »; ou encore: « Je suis Celui qui est », qui est là, toujours et partout, marchant avec Son peuple (3,13SS; 33,16). La promesse de cette présence toute­-puissante, faite lors de l'Alliance (34,9S), est renou­velée aux envoyés par qui Dieu conduit Son peuple : Josué et les Juges (Jos 1,5; Jg 6,16; 1 S 3,I9), les rois et les prophètes (2 S 7,9; 2 R 18,7; Jr 1,8.19). Significatif également est Ie nom de l'enfant dont Isaïe annonce la naissance et dont dépend le salut du peuple : Emmanuel, c'est-à-dire « Dieu avec nous » (Is 7,14; cf Ps 46,8).

         Même lorsque Dieu doit châtier Son peuple par l'exil, Il ne l'abandonne pas; de ce peuple qui reste Son serviteur et Son témoin (Is 41,8ss; 43, l0ss),  Il demeure le Pasteur (Ez 34,15s.31; Is 40,10S), le Roi (Is 52,7), l’Époux et le Rédempteur (Is 54,5s; 60,16); Il annonce donc qu'Il va le sauver gratui­tement par fidélité à Ses promesses (Is 52>3 .6), que Sa gloire va rentrer dans la Ville Sainte dont le nom sera désormais « Yahweh est là»(Ez 48,35), et qu'ainsi Il manifestera Sa présence à toutes les nations (Is 45,14s) et les rassemblera à Jérusalem dans Sa lumière (Is 60); enfin au dernier Jour, Il sera présent comme Juge et Roi universel (Ml 3,1; Za 14,5 ·9)·

             Dieu se manifeste par des signes divers. La théo­phanie du Sinaï suscite la crainte sacrée par l’orage, le tonnerre, le feu et le vent (Ex 20,1 8ss) qu'on retrouve dans d'autres interventions divines (Ps 29; 18,8-16; Is 66,15; Ac 2,lss; 2 P 3,10; Ap II,19).

               Mais Dieu apparait aussi dans un tout autre climat, celui de la paix de l'Eden où souffle une brise légère (Gn 3,8), lorsqu'iIl converse avec ses amis, Abraham (Gn 18,23-33), Moïse (Ex 33,II) et Élie (1 R 19,11SS).

           Si lumineux que soient d'ailleurs les signes de la présence divine, Dieu s'enveloppe de mystère (Ps 104,2); c'est dans une colonne de nuée et de feu qu'Il guide Son peuple au désert (Ex 13,21) et qu'Il demeure au milieu de lui, remplissant de Sa gloire la Tente où est l'arche d'alliance (Ex 40,34) et plus tard Ie Saint des Saints (1 R 8,10SS).

Pour avoir accès à cette mystérieuse et sainte présence, il faut en apprendre de Dieu les condi­tions.

 

                         1. La recherche de Dieu.

 

 

L'homme doit répondre aux signes que Dieu lui fait; c'est pour cela qu'il lui rend un culte en des lieux auxquels s'attache le souvenir d'une manifestation divine, tels Bersabée ou Bethel (Gn 26,23SS; 28,16-19). Mais Dieu n'est lié a aucun lieu, à aucune demeure matérielle. Sa présence, dont l'Arche d'alliance est le signe, accompagne le peuple qu'elle guide a travers le désert et dont elle veut faire sa demeure vivante

 et sainte (Ex 19,5; 2 S 7,5s.1 1-16).

             C'est avec la descendance de David, dans sa maison, que Dieu veut habiter. Et s'Il accepte qu'un temple lui soit bâti par Salomon, c'est en affirmant que ce temple est impuissant à Le contenir (1 R 8,27; et Is 66,1); on Le trouvera là, dans la mesure où on y invoquera Son Nom en vérite (1 R 8,29S.41SS; Ps 145,18), c'est-à-dire où on y cherchera Sa présence par un culte véritable, celui d'un cœur fidèle.

                C'est pour obtenir un tel culte, en éliminant celui des hauts lieux et sa corruption, que la réforme deutéronomique prescrivit de monter trois fois l'an à Jérusalem et de ne plus sacrifier ailleurs (Dt 12,5; 16,16). Cela ne signifie pas qu'il suffit de monter au Temple pour trouver le Seigneur; il faut encore que le culte qu'on y célèbre exprime le respect au Dieu qui nous voit et la fidèlité due au Dieu qui nous parle (Ps 15; 24). Sinon, on est loin de Lui par le cœur (Jr 12,2)et Dieu abandonne le temple dont Il annonce la destruction, parce que les hommes en ont fait une caverne de voleurs (Jr 7,1-15; Ez 10-II).

Dieu est proche au contraire de ceux qui marchent avec Lui comme Ses Patriarches (Gn 5,22; 6,9; 48,15) et se tiennent devant Lui comme Élie (1 R 17,1); qui vivent avec confiance sous Son regard (Ps 16,8; 23.4; II9,168) et l'invoquent dans leurs angoisses (Ps 34,18ss); qui cherchent le bien (Am 5,4.14) d'un cœur humble et contrit (Is 57,15) et secourent les malheureux (Is 58,9); tels sont les fidèles qui vivront à jamais, incorruptibles, auprès de Dieu (Sg 3,9; 6,19).

 

                                         2. Le Don de Dieu.

 

              Or une telle fidélité est-elle au pouvoir de l'homme? En présence du Dieu Saint, l'homme prend conscience de son péché (Is 6,1-5), d'une corruption que Dieu seul peut guérir Or 17,1.14). Que Dieu vienne changer le cœur de l'homme, qu'il mette en lui Sa Loi et Son Esprit (Jr 31,33; Ez 36,26ss) ! Les prophètes annoncent cette rénovation, fruit d'une alliance nouvelle qui fera du peuple sanctifié l'habitation de Dieu (Ez 37,26ss). Les sages, eux aussi, annoncent que Dieu va envoyer aux hommes Sa Sagesse et Son Esprit-Saint, afin qu'ils connaissent Sa volonté et deviennent ses amis en recevant en eux cette Sagesse dont la joie est d'habiter parmi eux (Pr 8,3 1; Sg 9,17ss; 7,27s).

 

                            Nouveau Testament

 

I – Le don de la présence en Jésus-Christ

 

Par sa venue en la Vierge Marie, l'Esprit-Saint accomplit le don promis à Israël : le Seigneur est avec elle et Dieu est avec nous (Lc 1,28.35; Mt 1,21SS). En effet Jésus, le fils de David, est aussi le Seigneur (Mt 22,43s p), Ie Fils du Dieu vivant (Mt 16,16) dont la présence est révélée aux petits (Mt II,25ss) ; Il est le Verbe de Dieu, venu dans la chair habiter parmi nous( Jn 1,14) et rendre présente la gloire de son Père, dont Son corps est le vrai Temple (Jn 2,21). Comme son Père, qui est toujours avec Lui, Il se nomme « Je suis » (In 8,28s; 16,32) et donne son accomplissement à la promesse de présence impliquée par ce Nom; en Lui, en effet, est la Plénitude de la Divinité (Col 2,9). Lorsqu'Il a achevé Sa mission, Il assure Ses disciples que, pour jamais, Il est avec eux (Mt 28,20; et Lc 22,30; 23,42S).

 

 

                              II- Le mystère de la présence dans l’Esprit

 

               Quand Jésus ôte Sa présence corporelle à Ses disciples, ils peuvent Le trouver encore parmi eux, si leur foi Le cherche là où Il est, selon Sa promesse : Il est en tous les malheureux en qui Il veut être servi (Mt 25,40) ; Il est en ceux qui portent Sa parole et en qui Il veut être écouté (Lc 10, I 6) ; Il est au milieu de ceux qui s'unissent pour prier en Son Nom (Mt 18,20).

             Mais le Christ n'est pas seulement parmi les croyants, Il est en eux, comme Il l'a révélé à saint Paul en même temps que Sa gloire : « Je suis Jésus que tu persécutes» (Ac 9,5) ; Il vit, en effet, en ceux qui L'ont reçu par la foi (Ga 2,20; Ep 3,17) et qu'Il  nourrit de Son Corps (I CO I0,I6s). Son Esprit les habite, les anime (Rm 8,9.14) et fait d'eux le Temple de Dieu (I CO 3,I6s; 6,19; Ep 2,2IS) et les membres du Christ (I CO I2,I2S.27).

         Par ce même Esprit, Jésus vit en ceux qui mangent Sa Chair et boivent Son Sang (Jn 6,56s.63) ; Il est en eux, comme Son Père est en Lui (Jn I4,I9S). Cette communion suppose que Jésus est retourné au Père et a envoyé son Esprit (In 16,28; I4,I6ss); voilà pourquoi il est meilleur qu'Il soit absent cor­porellement (Jn 16,7) ; cette absence est la condition d'une présence intérieure réalisée par le Don de I'Esprit. Grâce à ce don, les disciples ont en eux l'amour qui unit Ie Père et Ie Fils (Jn 17,26) : c'est pourquoi Dieu demeure en eux (I Jn 4,12).

 

III. LA PLENITUDE DE LA PRESENCE DANS LA GLOIRE DU PÈRE

 

                 Cette présence du Seigneur que Saint Paul souhaite à tous (2 Th 3, I 6; 2 Co 13, II) ne sera parfaite qu'après la déIivrance de nos corps mortels (2 Co 5,8). Alors, ressuscités par l'Esprit qui est en nous (Rm 8,1 I), nous verrons Dieu qui sera Tout en tous (I CO 13,12; 15,28). Alors, à la place que Jésus nous a préparée près de Lui, nous verrons Sa gloire (Jn I4,2S; 17,24), Lumière de Ia Jérusalem nouvelle, demeure de Dieu avec les hommes (Ap 2I,2S.22S). Alors sera parfaite la présence en nous du Père et du Fils par le don de I'Esprit (I Jn 1,3; 3,24).

                 Telle est la présence que le Seigneur offre à tout croyant. « Je me tiens à la porte et Je frappe » (Ap 3,20). Ce n'est pas une présence accessible à la chair (Mt 16, I 8), ni réservée à un peuple (Col 3, II), ni liée à un lieu (In 4,21); c'est le don de l'Esprit (Rm 5,5; Jn 6,63), offert à tous dans le Corps du Christ où Il est en plénitude (Col 2,9), et inté­rieur au croyant qui entre en cette plénitude (Ep 3,17ss). Le Seigneur fait ce Don à qui lui répond, avec l'Épouse et par l'Esprit : « Viens! » (Ap 22,17).

 

« Par Jésus-Christ, avec Lui et en Lui,

 à Toi, Dieu le Père Tout-puissant,

 dans l’unité du Saint-Esprit,

 tout honneur et toute gloire,

 dans les siècles des siècles.

     Amen »

 

 


 

 

 

 

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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 07:57
Travailler"Ad majorem Dei gloriam" C'est la seule chose importante, éternelle et donc seule digne de l'activité humaine...Merci aux amis fidèles. Que Dieu les bénisse!
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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 06:44

"On peut faire du commerce avec la nature,
 jamais avec la grâce"(V.Ghika)

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