Le
« Notre Père profané » ; Abomination de la désolation Suite2/2
Nous vous donnons ici quelques extraits du livre du P.Carmignac, grand expert en Écriture Sainte qui toute sa vie
s’insurgea contre les traductions-trahisons de la période post- conciliaire, et en particulier de la dernière demande du Pater, où l’on démasque la ruse des « fumées de Satan »
introduites au cœur même de la divine Prière, et insultant subtilement la Sainte Trinité :Le Père ,à
qui elle est adressée, Le Fils qui la révèle et le Saint Esprit qui l’anime. Le père Carmignac a été violemment persécuté à cause de sa science et de
sa fidélité à la Vérité traditionnelle. Son intention n’était pas de « changer pour changer », mais de révéler les beautés des trésors cachés.
« A l’écoute du Notre Père » ,Editions O.E.I.L »Chez DFT- 1984 ;(Imprimatur)
Chapître X « Quel est l'objet de la dernière demande du Pater? Le
texte grec peut théoriquement se comprendre soit ·au neutre, soit au masculin : « Écarte nous de (la chose) perverse », ou : « Écarte nous de (l'individu) pervers », Mais en fait toutes ses
vraisemblances sont en faveur du masculin, donc de « l'individu pervers », c'est-à-dire du démon, comme le confirment Jean 17, 15 : « Je le demande pas que Tu les retires du monde, mais que Tu
les préserves du pervers » et 2 Thessaloniciens 3, 3 : « (Le Seigneur) vous fortifiera et vous gardera du pervers », Les Pères grecs ne s'y sont d'ailleurs pas trompés.
En fait, les deux
interprétations ne s'excluent pas, puisque le but du démon est le péché et que le péché a le démon pour instigateur. Cependant, selon les directives du Christ, nous devons demander l'éloignement non seulement du péché, mais surtout
du démon.
En français, il n'est pas facile de trouver une traduction satisfaisante. Les
adjectifs « mauvais» ou « malin »: sont peu employés comme substantifs et le second possède alors une coloration presque favorable (<< « C'est un malin! ») pour le sens, « pervers »
serait préférable, s'il ne risquait de donner prise à un regrettable calembour (= « père vert»). Si l'on proposait: « de l'(être) malfaisant », le résultat ne serait pas encore bien harmonieux.
Dans ces conditions, puisqu'on a tout lieu d'admettre que ce « pervers » est le démon, pourquoi ne dirait-on pas tout simplement: « du démon », comme quelqu'un l'a déjà proposé? Le français
exprimerait alors clairement ce qui était fort clair pour les auditeurs de Jésus (comme nous le comprenons à la lumière des manuscrits de la mer Morte) et pour les lecteurs de Matthieu (comme les
Pères grecs en témoignent).
Le verbe est traduit généralement par
« délivrer », mais ce terme suppose la libération d'un mal dont on était déjà effectivement la victime, alors qu'id on demande plutôt que
Dieu nous tienne à distance, nous garde hors d'atteinte, sans spécifier si l'on a déjà, ou non, été capturé par le démon. Aussi l'on pourrait préférer « sauve-nous », qui inclut davantage la
notion d'éloignement ou de conservation « sain et sauf » et qui s'emploie volontiers pour la préservation d'un danger encore irréel (un médecin « sauve de la mort, mais il ne « délivre » pas de cette mort). Toutefois, comme le verbe « sauver » équivaut normalement à d'autres verbes grecs ou hébreux, il est sans
doute préférable de choisir ici un autre terme, tel que le verbe « protéger », bien qu'il semble un peu faible, ou surtout les verbes « éloigner » ou « écarter ».
le rapport de cette phrase avec les précédentes?
Après le passé et
le présent, nous nous tournons vers l’avenir.
Dans les phrases précédentes, nous avons supplié Dieu de nous pardonner nos dettes antérieures, d'intervenir pour nous
empêcher de tomber dans les pièges du démon. Logiquement nous demandons ensuite à Dieu de nous garder Sa protection, de nous abriter des assauts de cet ennemi redoutable, de maintenir entre lui
et nous la plus grande distance possible. Ainsi la pensée se déroule harmonieusement
Cette progression logique est marquée en grec par la conjonction « mais », qui est normale après une négation
Comme
le français, pour mieux respecter l'idée exacte de cette phrase précédente, a dû réemployer une négation et a dû choisir un sens négatif « empêcher », « préserver », « faire que ne... pas » ), la présence de ce « mais » risque de nous étonner quelque peu. Cependant, selon l'usage du français ainsi que du grec ou de
l'hébreu, la conjonction « mais » (comme son équivalent grec ou hébreu) marque non seulement l'opposition, mais aussi un progrès de la pensée…. donc rien n'empêche de dire «
Garde-nous ... Mais écarte-nous ». La phrase deviendrait encore plus naturelle si l'on ajoutait : « Mais surtout écarte-nous », Ce ne serait certainement pas gauchir le texte, qui suppose bien un tel crescendo….. »
Chapître IX« Chez les catholiques aussi plusieurs voix se sont élevées pour protester contre une telle traduction :
J. Delorme : «Ne nous soumets pas à la tentation » nous déçoit. Cette formule sacrifie l'image de mouvement d'entrée dans la tentation... Pour
une fois que nous avions un langage concret, évocateur, riche en suggestions et rapprochements, on l'a abandonné. L'image différente «soumettre à » n'offre pas les mêmes avantages, et risque
d'évoquer l'image d'un Dieu qui «fait subir (c'est le sens de la formule en français) la tentation. On imagine Dieu dirigeant l'opération, comme pour
Abraham ou Job. Mais justement ces exemples d'Ancien Testament sont dépassés dans le Nouveau Testament, où le vocabulaire de l'épreuve-tentation n'évoque jamais pareille image : (Ami du clergé,
14 avril 1966, p. 235). - A George : « La traduction nouvelle... paraît présenter un grave inconvénient pastoral. Les simples fidèles qui récitent cette formule ne risquent-ils pas d'y voir Dieu
comme l'auteur de la tentation et d'y demander : « Ne nous tente pas »? Ce serait une double erreur sur la pensée de Jésus. Car il interdit
clairement de voir en Dieu l'origine de la tentation (Bible et Vie chrétienne, n° 71, p. 78). - René Coste : «Tout de suite nous devons soulever un problème de traduction et marquer
respectueusement notre désaccord à l'égard de la nouvelle formulation officielle en langue française (Notre Père sur le monde, p. 179). - J. Lebourlier : «Serait-il impertinent, pour conclure,
d'exprimer un vœu? Que la nouvelle traduction « ne nous soumets pas à la tentation » soit changée le plus tôt possible : (Lettre
de Ligugé, n° 123, p; 17).
Page 116 « Pour résumer cette étude, la voix la plus autorisée est celle du plus ancien exégète du Notre Père,
Tertullien (De la prière, chap. 2et 9) : « L'oraison dominicale est vraiment l'abrégé de tout l'Evangile ... Dans quelques mots, que
d'oracles, rejoignant les Prophètes, les Evangiles, les Apôtres! Que de discours du Seigneur, de paraboles, d'exemples, de préceptes! Que de devoirs exprimés! Hommage rendu à Dieu par le titre de
Père, témoignage de foi dans Son Nom, acte de soumission à l'égard de Sa Volonté, rappel de l'espérance en la venue de Son Règne, demande de la vie dans le pain, aveu suppliant de nos dettes,
fervente requête de défense contre les tentations. Quoi d'étonnant? Dieu seul a pu nous apprendre comment Il voulait être prié. C'est donc Lui qui règle la religion de la prière, l'anime de Son
Esprit, au moment où elle sort de Sa bouche, et lui communique le privilège de nous transporter au ciel en touchant le Cœur du Père par les paroles du Fil
Plusieurs traductions ont été proposées, qui tiennent compte des remarques du
Père Carmignac. Celle-ci parait la PLUS CONFORME AUX TEXTES ORIGINAUX ET à l’Esprit de cette divine prière.
Notre Père des Cieux,
Que, sur terre comme au Ciel,
Votre Nom soit glorifié.
Que Votre Règne arrive.
Que Votre Volonté soit faite.
Donnez nous aujourd'hui notre pain jusqu'à demain.
Acquittez -nous nos dettes,
Comme nous aussi avons acquitté nos débiteurs.
Gardez -nous de consentir à la tentation.
Mais écartez-nous du démon
Amen