LesVices opposés à la Charité. 1/7 RP Sineux (Ed .Téqui )
Les tendances au bien et les bonnes habitudes ne sont pas les seules dispositions de l’âme humaine. Elles sont contrecarrées par des inclinations au mal et des habitudes funestes appelées en théologie morale des « Vices ». Les vices sont surtout acquis et sont des habitudes mauvaises créées et accentuées par la répétition d’actes coupables .D’où la nécessité de bien les connaître pour les guérir. Les principaux sont : la haine, la tiédeur , la jalousie, la discorde, la violence, le schisme, la guerre, la sédition, le scandale.
a) La haine.
Puisque la Charité est amour, la haine est son contraire.
La Charité comportant l'amour de Dieu et du prochain, le vice opposé est la haine tant de Dieu que du prochain. «Dieu est Amour », comment donc serait-Il haïssable?
Il ne le serait pas s'Il était vu tel qu'Il est : le Souverain Bien.
Mais l'homme ingrat et révolté oublie le Bienfaiteur pour ne voir que le Maître dont son orgueil répudie l'autorité; bientôt même il entrevoit le Juge que son crime redoute et déjà déteste.
C'est le tréfonds de la perversité: en venir à se détourner de Dieu, non pas parce qu'on est attiré par un bien autre que Lui, mais parce qu'on le considère Lui-même comme « le mal » !
Une aversion de Dieu aussi directe et forcenée est vraiment satanique; elle est rare chez les humains. Pour eux, la haine de Dieu n'est le plus souvent qu'implicite dans l'indifférence et le mépris : la créature ayant pris sa place dans un cœur, Dieu est relégué, dédaigné, ignoré; Il n'est pas aimé, sans que pour autant Il soit positivement haï. Faut-il pas parfois « haïr jusqu'à son père et sa mère (St Luc XIV,26) et haïr son propre moi, si ces êtres s'opposent à l'Amour primordial de Dieu ? Mais il est difficile de concilier, ainsi que le recommande Saint Augustin, « la haine des vices et l'amour des hommes »! Les étant incarnés dans la personne, c'est le même être qui se trouve à la fois digne d'amour et de haine selon l'angle sous lequel on le considère; comment alors faire la discrimination exacte entre ce qu’il faut haïr et ce qu'il faut aimer?
La Charité résout élégamment ce délicat problème en proscrivant purement et simplement la haine. Si les vices existaient à l'état d’entités séparées, ils ne seraient que haïssables; mais, défectuosités affectant des personnes aimables, ils ne provoquent plus que la pitié, la miséricorde, la correction, qui sont autant de formes de la Charité. Si le prochain est toujours aimé à cause du bien qui subsiste en lui, si minime qu'il soit, il est aimé surtout d'un amour de bienveillance et de bienfaisance, lequel s'évertue à lui procurer le bien dont il est privé.
Ainsi, il n'y a plus place pour la haine.
b) La Tiédeur.
Assez souvent on désigne de ce nom la paresse, la nonchalance, le manque de courage ou simplement d'enthousiasme dans le service divin. On l'oppose à la ferveur.
Elle est quelque chose de plus profond. Ce que la théologie appelle «Acedia» est un vrai dégoût consenti, sinon délibérément voulu, des choses de Dieu, non seulement de Ses Commandements entendus avec aigreur, mais de Ses bienfaits eux-mêmes et de Ses promesses, dépréciés et tenus pour quantité négligeable.
Conséquence de l'estime excessive accordée aux biens périssables, la tiédeur amollit progressivement les forces vives de l'âme, et la laisse languissante, incapable de réaction et se complaisant dans sa torpeur. « A quoi bon? »... c'est sa seule réponse à toute perspective du bien, à toute suggestion de l'effort et de la vertu ; c’est la paresse généralisée dont on dit à juste titre qu'elle est mère de tous les vices.
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