Sanctifier notre attente de l’Heure de Dieu.
Nous attendons de Dieu qu’Il sauve l’Église de la crise actuelle, nous attendons de Lui le retour du pape légitime. Nous savons que les moyens humains se sont évanouis et que, seule, la Sagesse toute puissante, toute aimante de Dieu peut nous sortir d’une situation inextricable. « Attendere » signifie prêter attention. Jésus nous recommande de veiller et de prier, jusqu’à ce qu’Il se manifeste. La parabole des vierges sages et des vierges folles est une magnifique illustration de ce que doit être la sainte Attente. Ne pas s’endormir, ne pas désespérer, se préparer, préparer les autres, faire vivre par la Foi et la Charité, l’Espérance, la confiance dans un climat de paix désirante.
Il nous faut vivre cette épreuve dans la continuité du mystère de l’Église et comprendre à la lumière du Christ ce que Dieu Lui-même attend de nous : la patience, la persévérance, l’obéissance à Sa Volonté discernée dans les événements. La Sainte Écriture nous incite à nous joindre à cette longue attente des justes de l’Ancienne Alliance qui fut comblée par la venue du Messie et des miracles révélateurs de Sa Divinité. Attendre peut lasser, endormir, inciter à la révolte, à l’apostasie. Faibles que nous sommes, il nous faut demander par la prière et les sacrements la grâce d’attendre l’heure sainte où Dieu se manifestera, l’Heure du Miracle. Alors cette attente deviendra liturgie, à l’image de l’attente de Jésus ,de Sa Mère et de tous les saints. La liturgie de l’Avent en est une bonne expression à utiliser les « jours sombres ».
Dans la Bible, l'histoire se divise sans doute en époques, en mois, en jours, en heures ; mais temps, jour et heure débordent souvent cette acception chronologique et offrent une signification religieuse. Comme le temps de la Visite de Yahweh ou le Jour du Salut, l'heure marque les étapes décisives du dessein de « Dieu qui fait tout pour Sa gloire et l’impie- même pour le jour mauvais… »avec Puissance ,Sagesse et Amour .
1-L’heure eschatologique.Attendre la fin des temps
L'apocalyptique juive, convaincue de la proximité des derniers temps, ceux de la plénitude, décompose le temps prévu pour l'intervention divine en jours et en heures; tous les instants comptent quand arrive la fin. Daniel apprend que sa vision concerne « l'heure du temps » et que la colère agira « pour les heures du temps de la fin » (Dn 8,17.19),« car le temps court vers des heures » (II,35). En fait, il y aura une heure définitive, celle de la "consommation qui verra la ruine de l'Ennemi ». De même, le livre apocryphe d'Hénoch compte les heures où se succèdent les pasteurs de Juda ; à Qumrân, on rêve du« temps de la fin ».
C'est dans un tel climat que Jésus annonce l'heure du triomphe final du Fils de l'Homme. Heure parfaitement inconnue des humains, c'est l'heure du Jugement (Mt 24,36) celle de la Moisson (Ap 14,15ss). Également imprévue sera l'heure des visites diverses qui annonceront l'heure dernière: épreuves générales(Ap 3,10) ou particulières (9,15)., Le croyant doit, se « tenir prêt » pour cette heure précise quoique indéterminée (Mt . 25,13).Il sait d'ailleurs que l'heure est proche, et, en un sens, déjà venue (Jn 4,23),elle est en marche (5,25.28) : c'est la « dernière. heure» (1 Jn 2,18), celle de la vigilance active (Rm 13,II), mais aussi du culte parfait, dans l'intimité du Père, par l'Esprit (Jn 4,23).
2. L'heure messianique; Attendre le Sauveur
En fait, d'une façon moins spectaculaire, l'heure vient avec Jésus: l'heure de l'annonce du Royaume surtout celle de Sa Passion et de Sa Gloire qui mène à son achèvement le déroulement du plan sauveur de Dieu.
Les Évangiles la désignent d'une formule simple et solennelle : « Voici venue l'heure, …'. » (Mt 26,45 p), Moins qu'un moment précis du temps, c'est l'ensemble de la phase suprême de son activité qu'elle couronne, comme le fait l'heure de la femme dont les douleurs marquent l'apparition d'une nouvelle vie (Jn 16,21). C'est une heure de souffrance dont l'approche déclenche un rude combat intérieur (Mc 14,35). Car c'est aussi l'heure de l'ennemi et du triomphe apparent des ténèbres (Lc 22.,53). Mais c'est plus encore l'Heure· de Dieu, fixée par Lui Seul, et vécue par Jésus selon la volonté du Père. Venu pour faire cette volonté, Il accepte cette heure, malgré l'angoisse qu'Il en ressent (Jn 12,27): n'est-elle pas aussi celle de « Sa gloire »(12,23) et de Sa pleine activité salvifique (12,24) ? (La gloire, c’est la manifestation, la révélation de la perfection d’un être .La gloire divine, c’est la manifestation de Sa Sainteté ,cette Sainteté que chantent sans cesse, sine fine, les chœurs célestes)
D'après Saint Jean, Jésus l'appelle une fois « Mon Heure », tant Il fait sienne cette volonté de Dieu:
Il ordonne toute son activité de thaumaturge (guérisons, miracles…)et de prophète en fonction de Son Heure .. Nul ne peut, pas même la Mère de Jésus, déroger au plan divin et solliciter un miracle, sans que Jésus n'évoque Son Heure (Jn 2,4). L’évangéliste généralise en parlant de « Son Heure». Tout essai d'arrestation ou de lapidation est vain, tant que Son Heure n'est pas venue (7,30; 8,20) : les velléités humaines se brisent contre cette détermination divine. Mais, lorsque vient « l'heure de passer de ce monde au Père » (13,1), heure de l'amour poussé jusqu’à son terme, le Seigneur va à la mort dominant les événements, tel un pontife accomplissant les rites de sa liturgie.
Ainsi, derrière l'apparence selon laquelle les événements se succèdent sans coordination, tout est dirigé vers un but qui sera atteint en son temps, en son heure. Les heures de cette marche sont minutées, comme le seraient aujourd'hui celles d’un plan économique ou politique. Il en est de douloureuses, comme celle où Jésus est abandonné par Ses disciples (Jn 16,32); mais toutes tendent vers la gloire, celle du retour du Seigneur glorifié; toutes portent, dans leur précision même, témoignage du Dessein de Dieu qui mène l'histoire (Actes I,7)
Forte de la lumière du Christ" l’Église fidèle envisage résolument l'avenir et regarde en face les événements qui conduiront le Dessein de Dieu à son terme. Séductions de 1'Antichrist, persécutions, prodromes du jugement final inscrits dans les malheurs de l'histoire ne sont pas les effets du hasard. Dieu les connaît d'avance, 'et c'est à travers eux qu'il fait cheminer le salut ici-bas, jusqu'au Jour où le nombre de Ses élus sera complet (Ap 7,1-8). Alors le Fils pourra enfin remettre toutes choses à Son Père (1 Co 15,24), afin que Dieu soit Tout en tous (15,28).Fiat