Du péché d’orgueil intellectuel et de ses variantes
Le plus terrible ennemi de l'Église, à la fin du 18ème siècle, était le rationalisme qui, sous ses formes multiples, déisme, panthéisme, matérialisme, s'efforça de saper le dogme catholique jusque dans ses fondements : La raison peut se passer de la révélation ; l’homme n’a pas besoin de sauveur. L’humanisme rationaliste, c’est rien au dessus de l’homme, c’est la négation du surnaturel et de la nécessité de la grâce, don de Dieu. Ce mauvais fruit de l’orgueil empoisonnait les esprits surtout depuis la renaissance. Loin d'apaiser le malentendu entre la foi et la raison, la Révolution française ne fit qu'exaspérer les passions anticatholiques. Au sortir de la grande tourmente, qui avait eu son écho dans tous les pays de l'Europe, de nombreux catholiques, voulant mettre leur talent au service de l'Église, essayèrent de résoudre le prétendu conflit entre la raison et la foi, la nature et la grâce, l'ordre naturel et l'ordre surnaturel. Ils furent ainsi amenés à déterminer la puissance et les limites de la raison. Ce faisant, les uns accordèrent trop au pouvoir de la raison dans l'ordre surnaturel, les autres trop peu. La fin du 19ème siècle vit naître une autre tendance, un essai de conciliation entre les idées modernes et les idées traditionnelles de 1'Église : deux systèmes; l'américanisme et le modernisme, entendirent, par des concessions réciproques, réconcilier la philosophie contemporaine et le dogme catholique mais, dans cette tentative d'accord, l'on s'aperçut vite que l'Église faisait tous les frais, et abandonnait presque en entier son enseignement traditionnel. Ces différents systèmes aboutirent tous à une faillite: complète et furent condamnés par le Saint Siège.
Américanisme et Modernisme. Voici deux systèmes, deux mentalités nés dans deux milieux différents, et qui se proposent de réconcilier l'Église avec la civilisation moderne, la foi avec la raison, la philosophie rationaliste avec la théologie dogmatique.
1. L'AMÉRICANISME, c’est la fringale de nouveautés et d’activité. C’est la première tentative de conciliation entre l'esprit moderne et l'esprit traditionaliste. Il est d'origine américaine et s’est développé à la fin du XIX comme son nom l’indique. Dans le dessein de ramener plus facilement les dissidents au bercail catholique, certains ecclésiastiques pensèrent que l’Église devait s’adapter aux idées du jour. Comme le protestantisme, ce courant attribue à l'Esprit-Saint le soin de diriger les âmes en dehors de toute autorité extérieure, donc en dehors du Magistère de l’Église. Il prétend que les vertus naturelles sont mieux appropriées au temps présent que les vertus surnaturelles. Il exalte donc les vertus actives au détriment des vertus évangéliques fidélité et obéissance.Il méprise la vie religieuse consacrée. Cette attitude se veut activiste, opportuniste et pragmatique. Seule compte l’efficacité temporelle. Cette doctrine fut réprouvée par SS Léon XIII en 1899.
Cette attitude se retrouve de nos jours de façon plus subtile dans l’attitude du moderniste qui veut toujours « ne pas paraître moyen-âgeux.. »et privilégie la « présence au monde »,l’action visible aux dépens de la vie intérieure et de la prière, l’écoute plutôt que la prédication, la tolérance, le dialogue, le partage convivial et festif.etc… Il manie parfaitement la langue de bois qui permet de dire tout et son contraire, avec un air profondément inspiré. Au fil des ans ,il s’est imprégné de Marxisme, de Darwinisme, et de psychanalyse.Il est dans le vent du progrés.IL est foncièreement "optimiste" et n" voit le ml que chez ses adversaires. Il déteste le thomisme et ses indispensables distinctions et définitions précises. Il parle tout le temps d’amour, mais déteste le mot charité, incompatible avec la Dignité de l’Homme.
2-Le MODERNISME, qui a été qualifié par SS Pie X de « synthèse de toutes les hérésies » est un essai d’adaptation des croyances catholiques aux conceptions de la philosophie moderne ,aux mœurs du temps, et aux prétendues exigences de la critique historique. Il est né en France avec les travaux de Renan et de Loisy, mais s’étendit à toute l’Europe, qui ne l’a jamais rejeté. Il a fait des ravages dans les séminaires malgré les condamnations.
1, En philosophie, les modernistes posent comme base de leur philosophie religieuse la doctrine appelée communément « agnosticisme »: imbus de la philosophie subjectiviste de Kant,(+1804) (philosophe protestant rationaliste, qui a eu une influence dévastatrice sur les intelligences des élites) ils prétendent que la raison humaine n'est pas capable de s'élever jusqu'à Dieu, pas même pour en connaître, par le moyen des créatures, l'existence. D'où ils infèrent deux choses : que Dieu n'est point objet direct de science; que Dieu n'est point un personnage historique . De ce fait, ils suppriment la théologie naturelle, les motifs de crédibilité et la révélation extérieure, sans se soucier des condamnations dont l'Église a frappé ces erreurs monstrueuses : car le Concile du Vatican a décrété ce qui suit « Si quelqu'un dit que la lumière naturelle de l'humaine raison est incapable de faire connaître avec certitude, par le moyen des choses créées, le seul et vrai Dieu, notre Créateur et Maître, qu'il soit anathème... Si quelqu'un dit que la révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs, et que ce n'est donc que par l'expérience individuelle ou par l'inspiration privée que les hommes sont mus à la foi, qu'il soit` anathème.
2. L'agnosticisme n'est que le côté négatif dans la doctrine des modernistes, le côté positif est constitué par ce qu'on appelle l'immanence vitale . La théologie naturelle et les motifs de crédibilité une fois supprimés, il s'agit pour les modernistes. d'expliquer le fait de la religion et de rechercher l'origine de la foi. D'après eux, c'est le sentiment religieux, né du besoin du divin, et qu'ils disent jaillir, par immanence vitale, des profondeurs de la subconscience, qui est :le germe de toutes les religions . Toutes les religions ,les religions surnaturelles y comprises, seraient le fruit de semblables expériences.. Et à cette loi générale la religion catholique elle-même ne ferait pas exception: comme toutes les autres, elle n'aurait pas d'autre principe que l'immanence vitale, son berceau serait la conscience de Jésus-Christ, homme de nature exquise, comme il n'en fut ni n'en sera jamais.
3. Après avoir expliqué l'origine de la foi par le sentiment religieux, restait au moderniste à déterminer l'origine et la nature du dogme, c'est-à-dire le rapport qu'il y a entre les formules religieuses et le sentiment religieux. Introduisant la doctrine de l'évolution dans le domaine de la foi, le moderniste enseigne que le dogme s'est formé peu à peu, se modifiant sans cesse et s'adaptant aux besoins religieux des croyants.'Qu'est-ce en effet qu'un dogme, d'après le moderniste? C'est une formule religieuse par laquelle l'Église traduit sa foi, mais cette formule est un signe inadéquat de son objet, c'est un symbole qui ne contient pas la vérité absolue
et qui n'a d'autre but que d'exprimer le sentiment religieux qui est dans l'homme d'où il suit qu'il peut et doit évoluer en même temps que le sentiment religieux lui-même.
4. Dans le système moderniste, il ne saurait y avoir conflit entre la foi et la science,car leurs objets sont totalement étrangers entre eux, l'un en dehors de l'autre. Celui de la foi est justement ce que la science déclare lui être inconnaissable . Il résulte de là qu'il y a, dans tout moderniste, deux hommes en quelque sorte : l'homme de science et l'homme de foi: en tant que scientifique, en tant qu'historien par exemple, le moderniste rejette la divinité de Jésus-Christ' , en tant que croyant, il l'admet d'où la grande distinction: entre le Christ de la foi et le Christ de l'histoire. Cependant, tout en se mouvant sur un terrain distinct,: la foi est subordonnée à la science à plusieurs titres, et spécialement, à propos des formules religieuses, qui, étant du domaine scientifique., doivent s'adapter à la conception générale que la science se fait de l'univers.
5.; Voici maintenant, en quelques mots, comment les modernistes conçoivent l'origine et la nature du culte, les Livres Saints et de l'Église. - De même que le dogme s’explique par le « besoin qu'éprouve le croyant de travailler sa pensée religieuse et de l’organiser en corps de doctrine, de même le culte est né « d'un double nécessité, d’un double besoin : car, on l'a remarqué, la nécessité; le besoin, telle est ]a grande et universelle explication. Le premier besoin, ici,est de donner à la religion un corps sensible ; le second, de la propager, à quoi il ne faudrait pas songer sans formes sensibles ni sans les actes sanctifiants que l'on appelle Sacrements. Les Sacrements pour le moderniste, sont de purs signes ou symboles, bien que doués d’efficacité .
Quant aux Livres Saints, ils sont de simples rejetons de la foi ;si on veut les définir exactement, on dira qu'ils sont le recueil des expériences faites dans une religion donnée, non point expérience à la portée de tous et vulgaires mais extraordinaires et insignes
L'Église, à son tour, est née, elle aussi d’un double besoin : du besoin qu'éprouve tout fidèle, s'il a eu quelque expérience originale, de communiquer' sa foi ; ensuite, quand la foi est devenue commune, ou comme on dit, collective, du besoin de s'organiser en société pour onserver, accroître, propager le trésor commun... Or, toute société a besoin d'une autorité dirigeante, qui guide ses membres à la fin commune, et sauvegarde ses éléments essentiels, c’est-à-dire, dans la société religieuse, le dogme et le culte .Mais cette autorité n'est pas venue à l'Église du dehors, savoir, de Dieu immédiatement ;elle est une émanation de la collectivité; et, précisément, le rôle du magistère ecclésiastique est d'assurer 1'unité de la société en discernant la pensée collective et en l'imposant à la communauté dans une formule qui traduit le mieux la pensée générale Comme on le voit par cette brève et nécessairement incomplète analyse du systéme, le travail d'adaptation des modernistes aboutit, en fait, à la suppression de tout élément surnaturel et au renversement total du dogme catholique.
Le modernisme fut condamné en 1907 par le décret Lamentabili et l'encyclique
Pascendi de SS PIE X. Mais cette tournure d’esprit continue ses ravages et le Concile Vatican II en a été imprégné. Parce Domine.
Notre Dame, victorieuse de toutes les hérésies, nous vous en supplions, intercédez pour que ces « jours de ténèbres soient abrégés »Saint Pie IX, Saint Pie X,au secours, nous périssons… !