Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 17:25

              

 

 

                                          DE «  L'INCOMPRÉHENSIBILITÉ » DE DIEU

 

                                                                                                                                                                                         

                                      .Louis Bail :16610-1669 - théologie affective                        

                                                               SOMMAIRE

Dieu ne peut être connu parfaitement - ni par la lumière de la raison - ni par la lumière de la foi -ni par la lumière de la gloire. Dieu, souce inépuisable, éternelle, d’émerveillement et d’amour admiratif

 

               La lumière de la raison est capable de connaître Dieu, mais non de Le comprendre, c'est-à-dire de L'embrasser entièrement et parfaitement, de Le connaître autant qu’il est connaissable dans « Son être, son sens et Sa valeur » L'esprit qui n'est éclairé que de la lumière naturelle, effleure cet objet divin, mais ne le pénètre pas; elle ne l'aperçoit que à travers le voile des créatures. Cette connaissance naturelle peut connaître avec certitude  d’après ce qui a été fait un seul vrai Dieu, notre créateur et Maître. Elle prend pour point de départ ce fait que Dieu est par la création l'auteur de ce monde si beau; qu'Il est sa providence et son soutien.

                Au delà de cette connaissance, l'esprit humain, s'il est privé de tout autre secours, est à bout de forces; il n'ignore pas qu'il y a bien d'autres vérités plus élevées à connaître sur Dieu, mais le souffle lui manque pour aller plus loin. De même que la fumée est un indice de la présence du feu, mais ne nous rèvèle pas sa nature, son pouvoir d'éclairer, de réchauffer, de purifier et de sécher; de même encore que la vue d'un tableau suffit à faire connaître l'existence d'un peintre, mais ne nous révèle rien sur ses qualités naturelles, sur sa taille, sur sa couleur, ainsi les créatures nous révèlent l'existence de Dieu, mais sont muettes sur sa nature intime.

                    C'est pour cela qu'après avoir étudié Dieu dans la créature, il nous reste à connaître la Trinité des Personnes, ce que Dieu a décrété et accompli et une infinité de perfections,qui seront toujours hors de la portée de notre raison, dût-elle se consumer en essais et en efforts pour y atteindre. Il est évident en effet, que plus les objets de notre connaissance sont élevées, plus notre esprit éprouve de difficulté à les comprendre; ainsi la nature des anges nous est moins connue que la nature des bêtes. Or, la grandeur de Dieu est au-dessus de tout. Il est donc évident que la raison est trop faible pour Le comprendre.

              Je m'humilierai en constatant la faible portée de mon esprit et son impuissance en face d'un Objet si éminent. Et puisque la lumière naturelle n'est pas suffisante pour Le bien connaître, je Lui demanderai la lumière de la Foi et de la sainte théologie, qui me donnera sur Lui des notions plus étendues. Seigneur, j'avoue en Votre présence mon ignorance, je veux faire des progrès dans Votre connaissance, mais la lumière naturelle, au lieu d'éclairer ma marche, me conduit dans les ténèbres et m'engage dans un labyrinthe où mon esprit se perd. Vous, mon Dieu, Vous, le soleil des âmes qui Vous cherchent, Vous qui illuminez tout homme venant en ce monde, « Faites  rayonner« sur Votre serviteur la lumière de Votre Visage, (Ps. 30), faites-moi part dans une large mesure de Votre science, accordez-moi d'y faire des progrès, afin d'être à même de Vous louer plus hautement et de vous adorer plus profondément.

                                                                   II

              Dieu est connu par une autre lumière, par celle de la foi; mais Il demeure incompréhensible à l'esprit même éclairé de cette lumière, et ne se laisse  saisir même alors, ni entièrement, ni parfaitement. Comme la science d'un homme très instruit surpasse celle d'un enfant qui ne sait encore que bégayer; comme la clarté du soleil l'emporte sur celle de la lune, autant et plus la lumière de la foi dépasse celle de la raison. Elle nous découvre les beautés inénarrables d'un seul Dieu en Trois Personnes, des propriétés et des subsistances de ces Personnes, de leurs relations et de leurs aspirations, ainsi que certains mystères concernant la prédestination et la réprobation; autant de vérités que la raison n'a jamais pu découvrir.

                    Malgré cela, la lumière de la foi ne nous révèle pas tous les jugements et tous les décrets de la volonté divine. Saint Paul bien qu'éclairé de cette lumière ne laisse pas de s'écrier: « 0 Dieu !  Que Vos jugements sont incompréhensibles,« et que Vos desseins sont impénétrables...! » (Rom., II.) Remarquez aussi que tout ce que cette lumière nous découvre, ne nous est montré que dans une demi-clarté seulement, à travers un nuage et jamais dans le plein jour de l'évidence. Est-ce que Dieu craindrait, que, s'il exposait tous les jours Son Essence à la vue de tous, le respect dû à Sa Majesté eût à en souffrir? Non certes. Cette appréhension se conçoit chez les rois de la terre, parce qu'ils ont des défauts et qu'ils doivent craindre de les laisser paraître, en se produisant trop souvent en public, et d'affaiblir par là le respect que leur doivent leurs sujets. Dieu n'a pas de semblables raisons pour habiter une lumière inaccessible et pour se rendre de difficile  accès à notre esprit, car plus Il sera connu, plus Il excitera l'admiration. Ce qu'il aurait plutôt  à craindre, ce serait que l'homme ébloui par l'éclat d'une intelligence beaucoup trop parfaite pour lui,ne s'enflât de l'orgueil de la science, à l'exemple de Lucifer, qui s'abîma dans l'éclat de la beauté divine par l'orgueil qu'il en conçut .Peut-être aussi le dessein de ce Dieu très juste est-il de réserver la connaissance évidente de Lui-même comme récompense pour les âmes vertueuses dans l'autre vie: c'est la raison pour laquelle Il nous la refuse dans cette vie et ne Se laisse voir qu'autant qu'il est nécessaire pour faire naître dans notre âme un amour capable de mériter la claire vue de Son Essence. Dieu est donc incompréhensible même pour la Foi.

" Vois donc, ô mon âme, combien est sublime ton espérance : Il n'en est pas de ce bien dont tu attends la satisfaction de tous tes désirs, comme des biens de ce monde : ceux-ci, on les estime toujours au-delà de leur valeur réelle; mais l'estime que nous pouvons concevoir des biens célestes sera toujours hors de toute proportion avec un tel objet et restera infiniment au-dessous de son mérite.« L'œil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, le cœur n'a jamais compris ce que Dieu prépare à« ceux qui L'aiment. » (1. Cor., 2.) O Fin qui n'aura pas de fin ! Quand aurons-nous franchi tous les obstacles que nous opposent les créatures?

          Quand Vous aurons-nous atteint ? Quand, désormais en possession de Votre grandeur infinie, cesserons-nous d'espérer? la foi ne fait que stimuler le désir que nous avons de Vous connaître. Donnez-nous, Seigneur, une lumière plus grande encore, qui nous permette de Vous contempler plus à notre souhait.

                                                                    III

               Dieu demeure incompréhensible même à la lumière dè la gloire: cette lumière est celle qui permet au bienheureux de contempler l'Essence divine d'une manière directe et intuitive, en elle-même, sans intermédiaire, face à face, comme un homme en regarde un autre placé devant lui. Sans la vision du Ciel, Dieu n'eût été connu que de Lui-même; les privilèges admirables de Son Etre, Sa beauté infinie eussent toujours été voilés par l'excès même de Sa Splendeur qui aveugle tous les esprits créés. Dieu ne l'a pas voulu: c'eût été priver d'un bien infini des millions de créatures : Il a donc décrété de Se montrer tel qu'Il est à tous les anges et à toutes les âmes béatifiées et de leur proposer Son Essence comme Objet de leur contemplation éternelle, non toutefois sans les avoir préalablement mis par la lumière de la grâce à la hauteur d'un si beau spectacle.

              Et cependant l'Etre divin est si sublime qu'Il reste incompréhensible même à l'intelligence éclairée de la lumière de la gloire, la plus vive et la plus pénétrante de toutes les lumières. Il est vrai que les bienheureux sont appelés compréhenseurs, mais c'est improprement et uniquement pour faire entendre qu'ils ont atteint le but suprême de leur vie, qui est la vue claire de Dieu. Mais ils ne sont pas compréhenseurs selon la rigueur du terme comprendre, qui signifie connaître une chose aussi parfaitement qu'elle peut être connue. Dieu, en effet, Se connaît Lui-même plus parfaitement qu'Il n'est connu des bienheureux : leur vision n'embrasse pas tout ce qui est en Dieu ou formellement ou éminemment, de telle sorte que rien n'échappe à la pénétration de leur esprit. Celui qui fixe son regard sur le soleil, voit-il par cela même tous les effets qui dépendent de l'influence de cet astre? Connaît-il tous les animaux et toutes les plantes qu'il peut faire croître, tous les minéraux qu'il peut former, toutes les régions qu'il peut éclairer? Ces bienheureux eux aussi, bien qu'admis à contempler le soleil de la Divinité, ne voient pourtant pas tout ce qui est du ressort de Sa puissance. Ils sont à la source d'eau vive et là satisfont la soif de tous leurs désirs, mais sans jamais épuiser cette source même pendant une éternité; toujours l'ardeur de leur soif est extrême et toujours ils trouvent à la satisfaire avec délices. Qu'arriverait-il s'il leur était donné d'épuiser cette source de la vérité par une connaIssance totale? Sans doute leur joie serait immense, mais il semble qu'elle serait diminuée d'autre part; car leur ardeur serait éteinte, il est vrai, et leur désir rassasié par la compréhension, mais comme celui qui a épuisé la source d'eau vive ne ressent plus le plaisir qu'il éprouvait en buvant de cette eau avec avidité et en étanchant sa soif ardente, la satiété serait, d'après quelques théologiens, le terme de leur bonheur.

         Quoiqu’il en soit de cette opinion, je découvre ici, Seigneur, une preuve de Votre inestimable grandeur, car quoique Vous produisiez en nous une lumière prodigieuse pour nous permettre de Vous connaître, il arrive que ni la nature, ni la grâce, ni la gloire ne peuvent Vous égaler ni Vous comprendre. Je reconnais aussi que cette incompréhensibilité constitue pour moi le plus grand bîen car, quelle plus grande joie que de penser que le sujet de sa joie est infini et inépuisable, que c'est un abîme de délices sans fond ni rives. Quel contentement! Quel ravissement me prépare cette infinité ! Le feu de l'amour brûlera sans cesse et le désir de vous posséder trouvera toujours sa satisfaction d’autant plus délicieuse que Votre Essence est moins compréhensible, inépuisable.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de senex
  • : A propos de la survie et du retour à Rome de SS Paul VI Les trésors de la doctrine catholique à votre service pour préparer l'avenir
  • Contact

Recherche

Liens